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Page:Dumas, Ascanio, t2, 1860.djvu/19

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ASCANIO.

motifs. Vous m’avez exprimé le désir de voir ma future femme présentée aujourd’hui à la reine : Colombe est ici avec son père ; mais, maintenant que j’ai agi selon votre désir, j’avoue que je voudrais le comprendre ; est-ce trop demander, madame, que de vous demander une petite explication ?

— Vous êtes le plus dévoué parmi mes fidèles, d’Orbec ; heureusement qu’il me reste beaucoup à faire pour vous, et encore je ne sais pas si je pourrai jamais m’acquitter ; pourtant j’y tâcherai. Cette charge de trésorier du roi que je vous ai donnée n’est que la pierre d’attente sur laquelle je veux bâtir votre fortune, comte.

— Madame ! fit d’Orbec en s’inclinant jusqu’à terre.

— Je vais donc vous parler à cœur ouvert ; mais avant tout, que je vous fasse compliment. J’ai vu votre Colombe tout à l’heure : elle est vraiment ravissante ; un peu gauche, c’est un charme de plus. Cependant, entre nous, j’ai beau chercher, je vous connais, et, là, je ne vois pas dans quel but, vous, homme grave, prudent et médiocrement entiché, j’imagine, de fraîcheur et de beauté, vous faites ce mariage-là ; je dis dans quel but, car nécessairement il y a quelque chose là-dessous, et vous n’êtes pas homme à marcher au hasard.

— Dame ! il faut faire une fin, madame ; et puis, le père est un vieux drôle qui laissera des écus à sa fille.

— Mais quel âge a-t-il donc ?

— Eh ! quelque cinquante-cinq ou six ans.

— Et vous, comte ?

— Oh ! à peu près le même âge, mais il est si usé, lui.

— Je commence à comprendre et à vous reconnaître. Je savais bien que vous étiez au dessus d’un sentiment vul-