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Page:Dumas, Ascanio, t2, 1860.djvu/331

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ASCANIO.

— Ah ! le duché de Milan.

— Oui, sire.

— Eh bien ! qu’en disiez-vous ?

— Nous étions d’avis différent, sire : — l’un de nous disait que l’empereur pourrait bien vous refuser le duché de Milan, et le donnant à votre fils Charles, se dégager ainsi de sa promesse.

— Et lequel de vous disait cela ?

— Je crois que c’était madame d’Etampes,

La duchesse devint pâle comme la mort.

— Si l’empereur faisait cela, ce serait une infâme trahisont dit François Ier ; mais il ne le fera pas.

— Dans tous les cas, s’il ne le fait pas, dit Diane, se mêlant à son tour à la conversation, ce ne sera pas, à ce que l’on assure, faute que le conseil lui en ait été donné.

— Et par qui ? s’écria François Ier. Ventre-Mahon ! Je voudrais savoir par qui ?

— Bon Dieu ! ne vous irrités pas tant, sire, reprit Benvenuto ; nous disions cela comme nous dirions autre chose, et c’étaient de simples conjectures en l’air, avancées par nous en forme de conversation : nous sommes de pauvres politiques, madame la duchesse et moi, sire. Madame la duchesse, quoiqu’elle n’en ait pas besoin, est trop femme pour s’occuper d’autre chose que de toilette ; et moi, sire, je suis trop artiste pour m’occuper d’autre chose que d’art. N’est-ce pas, madame la duchesse ?

— Le fait est, mon cher Cellini, dit François Ier, que vous avez chacun une trop belle part pour rien envier aux autres, fût-ce même le duché de Milan. Madame la duchesse d’Etampes est reine par sa beauté ; vous, vous êtes roi par votre génie.