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Page:Dumas, Ascanio, t2, 1860.djvu/99

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ASCANIO.

— Mais à vous aussi la plus belle comté, la Flandre ; le plus beau duché, Milan.

— Vous avez refusé l’une le mois passé, dit l’empereur en souriant, et je vous en remercie ; mais vous convoitez l’autre, n’est-ce pas ? ajouta l’empereur en soupirant.

— Ah ! mon cousin, de grâce ! dit François Ier, ne partous pas aujourd’hui de choses sérieuses : après les plaisirs de la guerre, il n’y a rien, je vous l’avoue, que j’aime moins à troubler que les plaisirs d’une fête

— La vérité est, reprit Charles-Quint avec la grimace d’un avare qui comprend la nécessité où il est de payer une dette, la vérité est que le Milanais me tient au cœur, et que cela m’arrachera l’âme de vous le donner.

— Dites de me le rendre, mon frère, le mot sera plus juste et adoucira peut-être votre chagrin. Mais ce n’est point de cela qu’il s’agit à cette heure, mais de nous amuser ; nous parlerons du Milanais plus tard.

— Présent ou restitution, donné ou rendu, dit l’empetour, vous n’en aurez pas moins là une des plus belles seigneuries du monde, car vous l’aurez, mon frère, c’est chose décidée, et je tiendrai mes engagemens envers vous avec la même fidélité que vous tenez les vôtres envers moi.

— Eh ! mon Dieu ! s’écria François Ier commençant à s’impatienter de cet éternel retour aux choses sérieuses, que regrettez-vous donc, mon frère ? n’êtes vous pas roi des Espagnes, empereur d’Allemagne, comte de Flandre, et seigneur, par l’influence ou par l’épée, de toute l’Italie, depuis le pied des Alpes jusqu’à l’extrémité des Calabres ?

— Mais vous avez la France, dit Charles-Quint en soupirant.