qu’un talent ordinaire. Plusieurs chanteurs du théâtre italien ont aussi donné des leçons dans l’Académie royale de musique ; cependant, par des circonstances qu’il est difficile d’apprécier, peu d’élèves distingués en sont sortis jusqu’à ce jour. MM. Sapio, Seguin et miss Childe sont à peu près les seuls qui aient donné quelques résultats satisfaisans. Leurs voix sont belles, ils sont bons musiciens, et ne manquent ni de légèreté dans leur vocalisation, ni de goût dans le choix des ornemens de leur chant.
Toutes les parties de l’exécution instrumentale ne sont pas dans un état égal de prospérité dans l’Académie royale de musique ; je pense qu’il faut plutôt accuser les professeurs que les élèves de ce qu’on y trouve de défectueux. Il n’y a point d’école de violon en Angleterre, bien que Viotti y ait vécu long-temps. Livré à des spéculations commerciales, et dégoûté de la musique par l’état d’imperfection où elle était à Londres de son temps, ce grand artiste n’a jamais formé d’élèves parmi les Anglais ; on peut même assurer que son talent ne fut jamais apprécié par eux à sa juste valeur ; je n’en donnerai qu’une preuve : la voici. Ses affaires étaient dérangées : il voulut y porter remède par l’exercice de son art, et pour rentrer dans la carrière qu’il avait abandonnée, il annonça un concert. On croira peut-être que la curiosité, excitée par le nom de Viotti, y poussa un nombreux et brillant auditoire. Il ne s’y trouva qu’environ cinquante personnes. Les violonistes les plus renommés à Londres sont MM. François Cramer, Mory, Spagnoletti et Oury. Le talent du premier est absolument nul ; il ne jouit de quelque réputation que par le souvenir de son père, violoniste distingué qui vécut long-temps à Londres, ou plutôt par l’habitude de bienveillance que les Anglais contractent pour les artistes qu’ils connaissent depuis long-temps. M. Mory a beaucoup plus d’exécution ; mais sa manière est vulgaire, dépourvue d’élégance et d’expression. Sa main gauche est assez brillante ; mais son archet manque absolument de largeur et de souplesse. J’ignore ce que fut M. Spagnoletti dans sa jeunesse ; maintenant il est vieux, et son talent ne mérite aucune attention. M. Oury est le seul violoniste anglais qui ait un mérite réel ; cependant il est le moins connu de tous à Londres. Devenu l’époux de mademoiselle Belleville, pianiste d’un talent remarquable, il a quitté son pays depuis