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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/274

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tentures et de guirlandes ; l’évêque, en habits pontificaux, était présent ; mais la marraine, noble dame franke, n’arrivait pas, et on l’attendit en vain. La reine, surprise de ce contre-temps, ne savait que résoudre, quand Fredegonde, qui se tenait près d’elle, lui dit : « Qu’y a-t-il besoin de s’inquiéter d’une marraine ? aucune dame ne vous vaut pour tenir votre fille sur les fonds ; si vous m’en croyez, tenez-la vous-même[1]. » L’évêque, probablement gagné d’avance, accomplit les rites du baptême ; et la reine se retira sans comprendre de quelle conséquence était pour elle l’acte religieux qu’elle venait de faire.

Au retour du roi Hilperik, toutes les jeunes filles du domaine royal allèrent à sa rencontre, portant des fleurs et chantant des vers à sa louange. Fredegonde, en l’abordant, lui dit : « Dieu soit loué de ce que le roi notre seigneur a remporté la victoire sur ses ennemis, et de ce qu’une fille lui est née ! Mais avec qui mon seigneur couchera-t-il cette nuit ; car la reine, ma maîtresse, est aujourd’hui sa commère, et marraine de sa fille Hildeswinde ? — Eh bien ! répondit le roi d’un ton jovial, si je ne puis coucher avec elle, je coucherai avec toi[2]. » Sous le portique du palais, Hilperik trouva sa femme Audowere tenant entre ses bras son enfant, qu’elle vint lui présenter avec une joie mêlée d’orgueil. Mais le roi affectant un air de regret, lui dit : « Femme, dans ta simplicité d’esprit, tu as fait une chose criminelle ; désormais tu ne peux plus être mon épouse[3]. » En rigide observateur des lois ecclésiastiques, le roi punit par l’exil l’évêque qui avait baptisé sa fille, et il engagea Audowere à se séparer de lui sur-le-champ, et à prendre, comme veuve, le voile de religieuse. Pour la consoler, il lui fit don de plusieurs terres appartenant au fisc, et situées dans le voisinage du Mans. Hilperik épousa Fredegonde, et ce fut au bruit des fêtes de ce

  1. Numquid similem tui invenire poterimus, quæ eam suscipiat ? modo tumetipsa suscipe eam. (Gesta regum francorum, pag. 561.)
  2. Cum quà dominus meus rex dormiet hâc nocte ? quia domina mea regina commater tua est de filià tuâ Childesinde. Et ille aït : Si cum illà dormire nequeo, dormiam tecum. (Gesta regum francorum, pag. 561.)
  3. Nefandam rem fecisti per simplicitatem tuam : jam enim conjux mea esse non poteris ampliùs. (Gesta regum francorum, pag. 561.)