Quoique Santa-Anna ne parût pas avoir su tirer tout le parti possible des circonstances qui le favorisaient, ses affaires étaient néanmoins dans un état prospère. Moctezuma, délivré de la présence de Bustamente, avait rallié les débris de son ancienne armée, et l’on disait qu’il s’était avancé jusqu’à Queretaro à la tête de seize cents hommes. Alvarez, de son côté, marchait, et déjà il était sur le point de se réunir aux libéraux. Pedraza était arrivé à la Vera-Cruz le 8 novembre, et il y avait été accueilli avec de grandes démonstrations de joie. Il avait lancé une proclamation dans laquelle il engageait les Mexicains à rapprocher leurs drapeaux, et à concourir unanimement au maintien de la tranquillité générale ; mais on y fit peu d’attention, car alors tous les esprits étaient tournés vers la lutte qui s’était engagée entre Santa-Anna et Bustamente : ces deux généraux absorbaient l’attention publique. Pedraza quitta la Vera-Cruz le 28 novembre, pour se rendre sur le théâtre de la guerre, et beaucoup de personnes espérèrent que les communications fréquentes qu’il pourrait avoir avec le gouvernement, hâteraient la conclusion des troubles.
Concentré à Zampango, Santa-Anna ne faisait aucun mouvement qui annonçât qu’il fût disposé à tenter les hasards d’un combat ; il se contentait de se tenir rigoureusement sur la défensive, et généralement ses mesures étaient si bien prises, qu’il était toujours vainqueur dans les escarmouches d’avant-postes. Bustamente avait fait de grands préparatifs pour l’assiéger ; on lui avait envoyé de la grosse artillerie de Mexico, et les batteries étaient dressées prêtes à faire feu, lorsque l’ennemi coupa les digues qui retiennent les eaux des lacs situés entre Zampango et Mexico, et noya toutes ces batteries. Néanmoins, Santa-Anna, peu confiant dans sa position, se retira vers Puebla pour se joindre à Pedraza qui venait d’y arriver ; mais il fut devancé par Bustamente qu’une étrange manœuvre plaça entre Puebla, où Pedraza avait armé et organisé les gardes civiques, et Santa-Anna qui, par une marche rétrograde, avait repris position sur la route de Mexico. Il serait vraiment curieux de représenter ici les divers mouvemens de tous ces corps d’armée : on dirait presque des jeux d’enfans, si le sang n’avait pas coulé ; car le 6 décembre, il y eut entre Bustamente et Santa-Anna une affaire assez chaude qui ne décida rien. Qu’on juge des capacités militaires