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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/671

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UNE CONJURATION D’AUTREFOIS.

CICÉRON.

La conspiration est flagrante jusque dans les provinces.

CÉSAR.

Tout ce que tu dis est vague, tu nous apportes aujourd’hui comme hier ta part de crainte et de soupçons, rien de plus.

CATON.

Tu redoutes la lumière, César ; tu te jettes au-devant de la vérité quand elle demande accès au sénat ; tu la repousses par tes sarcasmes et tes plaisanteries, et, retranché derrière un doute insolent, tu ménages aux conjurés le temps d’agir. Quand nous serons sous le fer des assassins, tu nous permettras de dire : Il y a du danger !

CÉSAR.

L’accusation est grave, noble Porcius Caton.

CATON.

Je la soutiens avant de passer outre, et je ne demanderais pour preuve que la lettre qui vient de t’être remise.

CÉSAR, chiffonnant une lettre.

Tu ne peux exiger…

CATON.

Je n’exige pas… mais je demande que Marcius, prince du sénat, ici présent, usant de son droit, t’oblige à remettre entre les mains des questeurs cette lettre, pour en donner lecture au sénat.

CÉSAR.

Tu le veux, Caton ; questeur, lis donc à voix haute.

LE QUESTEUR, lisant.

« Mon bien-aimé, je t’attends ce soir…

CÉSAR, interrompant le questeur.

Vous voyez que cette lettre est d’une femme.

CATON.

Rien ne prouve encore qu’elle ne soit d’un homme. Achève, questeur.

LE QUESTEUR, reprenant.

« Je suis inquiète de toi, par le temps qui court. Au nom de notre amour, ne manque pas de venir après l’heure du sénat, je t’en prie… »

CATON.

Signé ?