les plus déterminés de ceux-ci voulaient s’opposer à l’installation du nouveau président ; mais l’indécision de leur chef s’y opposa. Il crut possible de faire accepter à Obregoso les mêmes conditions qu’il avait imposées à Bermudez, et qu’effrayé des dangers de sa position, il consentirait à se contenter de l’ombre du pouvoir. Obregoso s’étant montré récalcitrant, sa mort fut résolue, et l’exécution du complot fixée au 5 janvier de cette année. La situation du nouveau président était des plus critiques ; il avait pour lui la partie la plus saine de la population et la convention ; mais la majeure partie de l’armée était à ses adversaires, qui occupaient en outre le Callao qu’on peut regarder comme la clef de Lima. Obregoso usa de ruse : le jour même où les conjurés devaient l’assassiner, il invite à dîner le colonel commandant la garnison du Callao, et sous prétexte de lui parler d’affaires en particulier, l’engage, au sortir de table, à faire une promenade en voiture. Arrivés à moitié chemin du Callao, dont le cocher avait pris la route suivant les habitudes de son maître, Obregoso tire un pistolet de sa poche et menace le colonel de lui brûler la cervelle, s’il ne lui livre à l’instant la forteresse et ne le fait reconnaître par les troupes de la garnison. Le colonel, tremblant de frayeur, fit tout ce qu’il voulut. Obregoso, maître de la place, changea sur-le-champ tous les officiers dévoués aux conjurés, et attendit les événemens de la nuit.
Lorsque la nuit fut venue, les conjurés se rendirent au palais pour accomplir leurs projets, et apprirent là ce qui venait de se passer. Comptant encore sur les troupes du Callao, ils espérèrent qu’elles leur livreraient le président ; mais ils furent détrompés le lendemain, et ils résolurent d’entreprendre le siège de la forteresse.
Bermudez prit le titre de chef suprême de l’état ; la convention fut chassée ; plusieurs de ses membres furent poursuivis, toutes les presses mises sous séquestre, et la calomnie, s’ouvrant un champ libre, accusa le général Obregoso d’avoir voulu livrer le Pérou à l’étranger.
Le peuple de Lima protesta par son silence contre une aussi flagrante violation des lois du pays, et partout l’opinion publique se montra unanime en faveur du général Obregoso.