vent comme les fils des scélérats, il faut les châtier, comme Dieu châtia les anges prévaricateurs ; et quant à vos bons et dignes Bourbons, ils auraient été satisfaits de régner tranquilles sur une petite France, plutôt que d’être poignardés et décapités dans une France plus grande[1]. —
Ces aveux sont précieux en ce qu’ils montrent à ceux qui se feraient encore illusion sur ce point quel serait le sort de la France vaincue par une nouvelle coalition. Il n’y a pas à s’y tromper, on ferait d’elle une seconde Pologne. Que chacun donc se demande si c’est là ce qu’il souhaite à sa patrie. Honte au traître ou au lâche qui, la voyant menacée, aurait dans ses veines une goutte de sang qui ne fut pas pour elle !
Vient ensuite, à propos de l’insurrection de la Grèce, une solennelle apologie de la légitimité du Grand-Turc. En vain la Liberté soutient-elle que « les Grecs avaient raison de se soulever, au moins à cause de la religion, puisqu’on ne saurait supporter qu’un peuple chrétien soit esclave des Musulmans ; » le Jugement lui répond : « Il vous sied bien de faire la bigotte et de parler de religion ! Quoi qu’il en soit, le christianisme commande la fidélité et l’obéissance, condamne toujours la révolte, et l’Évangile des chrétiens veut qu’on rende à César ce qui appartient à César. Le César des Grecs est le Grand-Turc, et en se révoltant contre leur prince, ils ont violé la loi chrétienne[2]. »
Le dernier dialogue, composé de neuf scènes, est intitulé : Le Voyage de Polichinelle. Polichinelle, persuadé par le Docteur, part de Naples avec lui, après la révolution de juillet, pour venir jouir en France des douceurs de la liberté. On se doute bien de ce qu’ils y trouvent, et nous savons encore mieux ce qu’ils y auraient trouvé trois ans plus tard. L’auteur est à l’aise dans ce sujet, et si l’ironie est amère, elle est juste ici ; elle est juste, car lorsqu’un peuple se résigne à souffrir certaines indignités, lorsque, après avoir tout risqué, bravé tout pour s’affranchir, il passe le lendemain la tête dans le joug, se décore de ses fers comme d’un emblème de l’ordre, s’agenouille devant un gouvernement de police, se laisse bâter,