Robert comanda à sa gent qu’il se traissent arrière. Et Pierre fist autresi. Et li seignor se convindrent à parler ensemble ; et Piere lui offri la bouche pour baisier, et Robert lui tendi les bras au col, et ces dui chaïrent de li chavail. Mès Piere estoit desouz, Robert lo prème desoupre ; et corirent li Normant, et foïrent cil de Calabre. Et Pierre fu mené à la roche de Saint-Martin et est bien gardé. Puis Robert va agenoillié, et ploia les bras, et requist miséricorde, et confessa « qu’il avoit fait péchié ; mès la richesce de Pierre et la poureté soe lui avoit fait constraindre à ce faire ; mès tu es père, mès que tu me es père covient que aide à lo filz poure. Cesti comanda la loi de lo roy, ceste cose, que lo père qui est riche en toutes chozes aidier à la poureté de son filz. » Et Pierre promet de emplir la promission, et .xx. mille solde de or paia Pierre. Et ainsi s’en ala, et sain et salve fu délivré de la prison. Et Robert donna liberté à Pierre et à les coses soes. Et coment ce fust cose que les bestes soes tant en temps de paiz tant en temps de guerre allassent sécurement. Et comanda Richart que hédifiast la maison en celle fort roche où avoit tote asségurance et seurté.
« Après ces choses faites sicome dit l’estoire, Robert vint en Puille pour véoir son frère ; et Gyrart lui vint qui se clamoit de Bone Herberge, et coment se dist cestui Gyrart lo clama premèrement Viscart, et lui dist : « O Viscart ! porquoi vas çà et là ; pren ma tante soror de mon père pour moiller, et je serai ton chevalier ; et vendra auvec toi pour aquester Calabre, et auvec moi .ij.c. chevaliers ». Et Robert fu alègre de ceste parole, et se apareilla de aler à lo conte son frère, et demanda à son frère licence de cest mariage. Mès à lo conte non plaisoit, et deffendi cest mariage. Et une autre foiz li pria Robert à genoilz que à li plasist lo mariage ; mès lo conte lo chasa et dist et li commanda que en nulle manière devist faire ceste parentesce. Et pria les plus grans de la cort qu’il priassent à son frère lo conte qu’il non soie si astère, et que non lui face perdre ceste adjutoire. Et à l’ultime se consenti lo conte. Et adont prist Robert la moillier, laquelle se clamoit Adverarde, et fu Girart son chevalier de Robert, et puiz vint en Calabre et acquesta villes et chasteaux, et dévora la terre. Ceste chose fu lo comencement de accrestre de tout bien à Robert Viscart. »
Mais ce chef de brigands si rusé et si traître devient admirablement beau, quand, vers la fin de l’histoire, il combat contre les Sarrasins, les Allemands ou les Grecs. Le voici qui, comme Alexandre, brûle ses vaisseaux. Il était dans l’île de Corfou dont il avait déjà pris plusieurs villes, lorsque l’empereur Alexis vint l’y attaquer avec une nombreuse armée. Les Vénitiens avaient fourni des vaisseaux aux Grecs. Robert