de composition que s’attribue M. Hippolyte Barbier. Nous n’avons pas vu que les diverses pièces ternes et opaques qui forment son recueil tirassent l’une de l’autre la moindre lumière. Toute la connexité qui paraît entre elles est celle d’une pesanteur de style et d’une vulgarité de pensée partout uniformes. Les Élévations religieuses sont bien les poésies les plus lourdes et les plus épaisses auxquelles nous nous soyons heurtés depuis long-temps.
Les Voix du siècle, de M. Victor Leroux, et Pierre Gringoire, nous introduisent dans la poésie de l’avenir, c’est-à-dire dans la poésie nébuleuse. Les poètes de l’avenir, dont Pierre Gringoire et M. Victor Leroux sont des types choisis, ne s’en tiennent pas, comme les poètes religieux, à déplorer le matérialisme du siècle ; ils s’insurgent formellement contre lui. Un avant-propos fort développé, de M. Victor Leroux, formule énergiquement les griefs des poètes de l’avenir. Comme il ne lui en cotisait pas plus, M. Victor Leroux n’a pas pris seulement en main la cause de la jeunesse poétique, mais celle de toute la jeunesse en général. « Partout, dit-il, à l’heure qu’il est, le poète est méprisé dans la nation ; partout la jeunesse souffre et meurt ; partout elle est écrasée. » Ce n’est pas, il est vrai, précisément le siècle qui tue la jeunesse, mais il la force de se tuer elle-même. « Le suicide, ajoute M. Victor Leroux, est l’ange descendu du ciel pour retirer les bons de la cité des hommes. Cependant (nous suivons de notre mieux le fil souvent interrompu des pensées du poète), la jeunesse ne demanderait qu’à vivre. Au lieu de l’écraser, que ne fait-on pour elle quelque chose ? » Or, voici le moyen de subvention fort simple que suggère M. Victor Leroux en faveur de la jeunesse. — Vous payez, dit-il, des musiciens pour vos bals et vos joies, pourquoi ne paieriez-vous pas vos poètes ? Ce n’est pas leur faute s’ils ne savent et ne peuvent que chanter. — Il n’est pas inutile de faire observer que l’avocat abandonne ici la cause d’une bonne partie de ses cliens. C’est au nom de toute la jeunesse écrasée qu’il avait commencé son plaidoyer, et il ne songe déjà plus qu’aux poètes. Du reste, le moyen qu’il propose au profit de ces derniers n’est pas neuf. Il y a long-temps qu’on en use. Si le poète sait en effet chanter, s’il a du talent, s’il est bon poète enfin, on lui achète sa poésie comme au bon musicien sa musique. Au contraire, s’il est sans mérite, que voulez-vous ? On le laisse racler sur sa lyre dans la solitude. Mais achevons d’analyser le manifeste de l’auteur des Voix du siècle. Les poètes, continue-t-il, auront beau chanter, le siècle est sourd ; il n’ouvrira pas plus l’oreille à leurs élégies qu’à l’explosion de leurs pistolets. Quel autre recours leur reste-il donc que la mort ? N’ont-ils pas encouru les inimitiés de la société tout entière, voire même celles des journalistes, ces carabins de l’ame, comme les appelle M. Victor