L’expédition de Constantine est le sujet de toutes les conversations, et l’on peut dire, de la douleur publique. On déplore les revers amenés par un système qui n’a su être, pour l’Afrique, ni guerroyant ni pacifique avec franchise et résolution. Ce système est celui de M. Guizot et du parti qu’il représente. On se rappelle qu’au mois de juin dernier, une discussion vive et solennelle mit à découvert les opinions et les différences qui pouvaient partager les partis et les hommes politiques sur la conduite à tenir dans notre colonie. M. Guizot condamna les expéditions qui seules pouvaient assurer la conquête. Selon lui, ce qu’il y avait de mieux à faire, c’était de se fortifier, de s’établir solidement dans certaines parties du territoire, d’entretenir des relations amicales avec les indigènes, sans les inquiéter sur leur indépendance, sans inquiéter les divers chefs sur la petite portion de souveraineté à laquelle ils prétendent. Et voilà que, sous une administration dont M. Guizot est un des principaux membres, on s’engage, pendant l’hiver, dans l’expédition la plus difficile que nous ayons encore tentée en Afrique depuis six ans. M. Guizot est donc bien différent de lui-même, ou son influence bien affaiblie.
Constantine est, pour les indigènes, une position d’une bien autre importance que Mascara ou Tlemcen : elle est le siége de la civilisation