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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/207

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A ma bien-aimée cousine, mistress Saint-John, chez sir William Masham, à sa maison nommée Otes, en Essex, présentez ceci.


« Ely, 13 octobre 1638.

« CHÈRE COUSINE,

« Je reconnais votre bon souvenir et vous remercie de votre amitié en cette occasion. Hélas ! vous prisez trop haut mes lettres et ma compagnie. Je puis avoir honte de vos expressions en considérant combien peu utile je suis et combien peu mon mérite augmente.

« Cependant, pour honorer mon Dieu en déclarant ce que Lui a fait pour mon ame, je suis confiant et je veux l’être. Véritablement, donc, je trouve ceci : Que Lui donne sources d’eau dans un désert sec et infertile où il n’y a pas d’eau. Je demeure, vous savez où, dans Meshec, ce qui signifie prolongement ; dans Kedar, qui signifie ténèbres et noirceur ; cependant le Seigneur ne m’abandonne pas. Quoique Lui prolonge, cependant Lui, je l’espère, m’amènera à son tabernacle, à son lieu de repos. Mon ame est avec la congrégation du Premier-né, mon cœur repose dans l’espérance ; et si je puis ici honorer mon Dieu, soit par action, soit par souffrance, je serai grandement content.

« Véritablement aucune pauvre créature n’a plus de cause de se porter en avant dans la cause de son Dieu que moi. J’ai reçu des gages abondans par avance, et je suis sûr que je n’en paierai jamais la moindre parcelle. Que le Seigneur m’accepte en son fils et me donne de marcher dans la lumière, et qu’il nous donne de marcher dans la lumière, parce que Lui est la lumière ! C’est Lui qui a éclairé notre noirceur, nos ténèbres. Je ne puis pas dire qu’il détourne sa face de moi. Il me donne à voir la lumière dans sa lumière. Un rayon dans un lieu sombre a en soi beaucoup de rafraîchissement ; béni soit son nom, de briller sur un cœur aussi sombre que le mien ! Vous savez quelle a été ma manière de vie. Oh ! j’aimais les ténèbres et je vivais dedans, et je haïssais la lumière ; j’étais un chef, le chef des pécheurs. C’est trop vrai. Je haïssais la voix de Dieu, la sainteté ; cependant Dieu a eu de la miséricorde pour moi. O les richesses de sa miséricorde ! Louez-le pour moi ; priez pour moi que Lui qui a commencé une bonne œuvre veuille l’achever au jour de Christ.

« Saluez tous mes amis dans la famille de laquelle vous êtes ; je leur suis fort endetté pour leur amitié. Je bénis le Seigneur pour eux, et de ce que, par leurs soins, mon fils soit si bien. Accordez-lui vos prières, vos conseils ; accordez-les-moi.

« Saluez votre mari et votre sœur pour moi. Il n’est pas un homme de parole ! Il a promis d’écrire au sujet de M. Wrath d’Epping ; mais jusqu’à présent je n’ai pas reçu de lettres. — Priez-le de faire ce qui peut être : fait avec convenance pour le pauvre cousin, au sujet duquel je l’ai sollicité.