communique, on le soumet à une épreuve de deux ou trois jours ; c’est juste le temps qu’il passe à l’hospice, et durant lequel on le nourrit uniquement au gobelet ou à la cuiller. Cette épreuve est insuffisante pour prévenir tous les accidens : le germe de la maladie odieuse que les enfans trouvés apportent quelquefois avec eux ne se développe souvent qu’au bout d’un mois. Il en résulte que, malgré la surveillance du médecin, l’hospice de Paris a tous les ans une quarantaine de nourrices infectées. Quand un enfant présente quelques signes de mauvais augure, on l’isole et on le nourrit artificiellement jusqu’à ce que la maladie ait eu le temps de se déclarer. Ces précautions sont très sages. On ne peut disconvenir, d’un autre côté, que le mode d’alimentation auquel l’hospice est forcé, dans ce cas, d’avoir provisoirement recours ne soit nuisible à la santé du nouveau-né ; mais qu’y faire ? On rencontre à chaque pas, dans le service des enfans trouvés, des nécessités puissantes vis-à-vis desquelles, entre deux maux, il faut savoir bravement choisir le moindre.
Quoique atténuée par les progrès de la science médicale, la mortalité des enfans trouvés, dans l’hospice de Paris, n’en est pas moins très considérable. On en perd un peu plus d’un quart. Les causes de cette mortalité doivent être cherchées d’abord, comme nous l’avons dit, dans l’enfant : elles résident ensuite dans les nourrices.
L’administration traitait autrefois avec les nourrices par l’intermédiaire des meneurs. Ces hommes étaient de simples charretiers : ils amenaient dans leur voiture, à la maison de Paris, des femmes de la campagne, plus ou moins récemment accouchées. L’existence des meneurs s’explique par la quantité d’enfans qui réclament le sein, et par la difficulté qu’il y a de satisfaire à leurs besoins. Une partie des fonctions de ces messagers consistait donc à pourvoir l’hospice des moyens d’allaitement ; véritables maquignons de nourrices, ils s’en allaient recrutant dans les communes et conduisant avec eux, à la maison de la rue d’Enfer, toutes celles qui voulaient bien les suivre. Cette industrie donnait très anciennement lieu à des abus que le temps dévoila et qui furent réprimés. Des meneurs venus d’une province éloignée se chargeaient d’amener des enfans qu’à leur arrivée ils déposaient clandestinement dans le tour de l’hospice. Ils obtenaient ensuite, à l’aide de secrètes manœuvres, que ces mêmes enfans leur fussent remis pour les conduire à la campagne. Les nourrissons revenaient ainsi dans leur famille, mais ils y revenaient aux frais de la maison des Enfans-Trouvés. On a vu une mère apporter elle-même son nouveau-né des environs d’Autun et l’abandonner, dans l’espérance