Qui est Thomas Jolly, metteur en scène et cerveau derrière la cérémonie d’ouverture des JO ?

Né le 1er février 1982 à Rouen, Thomas Jolly, fils d’un imprimeur et d’une infirmière, découvre très jeune sa passion pour la scène, au rythme de "La Force du destin" de Verdi. "Ce n’est pas un ballet, mais je m’improvise chorégraphe, je fais des grands gestes avec les bras, je donne des indications à des danseurs imaginaires", confie-t-il en 2022 au Monde. Il grandit à La Rue-Saint-Pierre, un village sans théâtre ni opéra. Ses années de collégien sont marquées par le harcèlement - lui qui est visé pour son homosexualité – mais forgent sa détermination et son identité artistique. Le théâtre devient pour lui un espace de liberté et d’expression, mais aussi un exutoire.

À 11 ans, il rejoint une troupe de théâtre pour enfants dans la capitale normande, une expérience qui le marque et confirme ses ambitions. Après une licence en arts du spectacle à l’université de Caen, il intègre l’école du Théâtre national de Bretagne (TNB) à Rennes, car amoureux des spectacles de Stanislas Nordey, responsable pédagogique de l’institution.

En 2006, l’artiste commence à voler de ses propres ailes et fonde sa propre compagnie avec d’autres jeunes acteurs, La Piccola Familia, avec laquelle il signe sa première mise en scène : "Arlequin poli par l’amour" de Marivaux, qui lui vaut les faveurs de la critique. Deux ans plus tard, Jolly obtient sa première récompense, la première d'une longue série, en décrochant le prix du public au festival Impatience avec sa mise en scène de "Toâ" de Sacha Guitry.

La rupture amoureuse qu’il traverse au début des années 2010 devient un catalyseur pour son art. Plutôt que de sombrer, il se lance dans un projet titanesque : monter l’intégrale d’Henri VI de Shakespeare, un marathon théâtral de 18 heures qu’il présente au Festival d’Avignon en 2014. Ce spectacle, salué pour sa maîtrise, propulse Jolly sur le devant de la scène et lui vaudra un Molière, qui récompense les artistes du théâtre français, un an plus tard. En 2022, il renchérit avec une tétralogie - un ensemble de quatre œuvres - incluant Richard III, jouée en 24 heures, dans laquelle il interprète le futur roi Richard. Car, il ne faut pas l’oublier, le metteur en scène est aussi acteur.

Mais Thomas Jolly ne se contente pas du théâtre et explore également le monde de l’opéra. En 2016, il met en scène "Fantasio" d’Offenbach à l’Opéra-Comique, et six ans plus tard, "Roméo et Juliette" de Gounod à l’Opéra de Paris. Ses productions lyriques sont caractérisées par une mise en scène spectaculaire et une utilisation inventive de la lumière et des effets sonores, contribuant à renouveler le genre et à attirer un nouveau public.

En parallèle, il continue de diversifier ses projets. Sa mise en scène d'une nouvelle version de l’opéra rock "Starmania" de Michel Berger et Luc Plamondon en 2022, avec ses jeux d’éclairages spectaculaires et costumes rétrofuturistes, est un triomphe tel qu’elle lui vaudra deux Molières : celui du spectacle musical et celui de la création visuelle et sonore. Ce succès confirme son talent pour réinventer des classiques et son attrait pour le grand public.

La même année, Thomas Jolly est nommé directeur artistique des cérémonies des Jeux olympiques de Paris 2024. La cérémonie d’ouverture, qui a eu lieu vendredi soir, a été un triomphe comme l’indiquent les réactions (presque) unanimes de la presse internationale.

Suivie par plus d’un milliard de téléspectateurs dans le monde, elle a été saluée pour son inventivité et son audace. Jolly, accompagné de Thierry Reboul, a su marquer les esprits avec une mise en scène spectaculaire, reflétant son style unique et sa capacité à captiver un public mondial. Cela s'est manifesté notamment de manière spectaculaire avec l'époustouflante illumination de la Tour Eiffel lors de cette cérémonie. Ainsi, le metteur en scène a mis en avant les compétences qui font sa différence, comme sa maîtrise des spectacles son et lumière. 

Tout au long de sa carrière, Thomas Jolly a prôné un théâtre accessible à tous. Il défend l’idée d’un "théâtre populaire" qui ne sacrifie pas l’exigence artistique mais qui se veut proche du public, simple et vivant. "Si le théâtre n’est pas populaire, pour moi, ce n’est pas du théâtre". Cette philosophie a parfois suscité des controverses avec certains puristes du théâtre public, notamment lors de son passage à la direction du Quai, le centre dramatique national d’Angers, de 2020 à 2022, poste qu’il occupait avant sa démission après avoir été désigné directeur artistique des cérémonies des JO. Néanmoins, Jolly est resté fidèle à sa vision, cherchant à renouveler les institutions théâtrales et à les rendre plus inclusives.

Après la cérémonie, les spéculations sur l’avenir de Thomas Jolly vont bon train. La rumeur le place à la tête du Théâtre Marigny à Paris, un lieu prestigieux qui pourrait lui permettre de continuer à innover et à surprendre. Quoi qu’il en soit, Jolly continue de repousser les limites du théâtre, offrant des spectacles qui enchantent, provoquent et émerveillent. 

Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour admirer une nouvelle œuvre du metteur en scène car outre les cérémonies d’ouverture et de clôture des JO d’été, Jolly sera également aux manettes des deux cérémonies des Jeux paralympiques, rien que ça.