Pneumatiques: Pirelli conserve le monopole
Sans grande surprise, Pirelli a remporté l'appel d'offres pour la fourniture de la Formule 1 jusqu'en 2019. Le choix de Bernie Ecclestone, qui ne voulait pas entendre parler d'un retour de Michelin, était arrêté depuis longtemps. La FIA n'a plus qu'à ratifier cet accord qui ne ravit pas tout le monde, vue la faible popularité des pneumatiques italiens (fabriqués en Turquie).
Le directeur de Pirelli Motorsport Paul Hembery en est bien conscient et souhaite offrir des pneus plus compétitifs aux pilotes. Pour cela, il réclame à la FIA la tenue de plus de séances d'essais privés. Mais les chefs d'équipes sont dans l'ensemble opposés à cette mesure, inefficace et onéreuse selon eux. Ainsi Franz Tost : « Les coûts vont radicalement augmenter. Je suis totalement contre ces essais. Il y a quelques séances de tests prévues en début de saison et ça devrait être suffisant. Avec vingt courses au calendrier, intercaler des essais pendant la saison nécessiterait la mise sur pied d'une équipe dédiée [...] Ce n'est absolument pas nécessaire. Je peux l'affirmer parce que ces dernières années, nous pouvions atteindre nos objectifs sans test. Ce serait de l'agent gaspillé. »
Querelles politique et avenir de la Formule 1
La plainte déposée par Force India et Sauber devant la Commission européenne fait des gorges chaudes. Bernie Ecclestone s'est ainsi étonné de l'attaque des deux équipes en affirmant que celles-ci n'avaient rien trouvé à redire lorsqu'elles signèrent les Accords Concorde de 2013. Il reçoit le soutien de son ami Niki Lauda : « Comme dans tous les sports, la F1 a toujours eu des équipes qui gagnent et des écuries qui sont derrière » déclare le président de Mercedes GP. « On ne peut pas avoir une équipe qui accumule constamment des dettes et qui essaie de remettre tout le système en question. Sauber devrait s'occuper d'abord de ses incapacités. » Et il renchérit en évoquant l' « affaire van der Garde » : selon lui, Monisha Kaltenborn n'a pas de leçon d'éthique à donner après avoir conclu un contrat avec un pilote sans avoir l'intention de l'honorer. La directrice de Sauber n'apprécie pas la pique : « Lauda se f*** ou ne comprend pas la nature de notre plainte. Mais je me demande comment un constructeur comme Daimler peut laisser une personne si importante dans son management faire de tels commentaires faux et bas. [...] Il a de l'expérience dans ce domaine, mais à son âge il devrait avoir plus d'expérience que moi encore. Mais on ne devient pas forcément plus sage avec l'âge... »
Quoiqu'il en soit, l'appui de Lauda à Ecclestone n'est pas étonnant, les deux hommes se connaissant depuis quarante ans. Mais il n'est peut-être pas tout à fait innocent. Les rumeurs vont bon train concernant le rachat de la Formule 1. CVC négocierait la vente de ses parts au fonds d'investissement chinois CMC. Celui-ci songerait à Lauda pour succéder à Ecclestone à la tête de la FOM. Ce ne sont que des bruits. Mais si Ecclestone, 85 ans, cédait son trône à Lauda, 66 ans, on ne pourrait guère parler de « rajeunissement des cadres »...
Présentation de l'épreuve
Lewis Hamilton peut remporter son troisième championnat du monde à l'issue de cette course. Pour cela, il doit inscrire neuf points de plus que Sebastian Vettel et trois de plus que Nico Rosberg, ses deux derniers concurrents. La tâche est tout à fait possible : il lui « suffit » de gagner et d'espérer que Vettel ne fasse pas mieux que troisième. Le pilote anglais apparaît très serein. Il s'est reposé pendant quelques jours à Miami auprès de sa compagne Nicole Scherzinger avant de se rendre à Austin.
Red Bull n'a toujours pas de moteur pour la saison 2016. Les pourparlers de réconciliation avec Renault sont au point mort. Ferrari semble la seule autre option envisageable, mais la Scuderia refuse de fournir ses futurs groupes propulseurs 2016 à l'équipe autrichienne. D'autant plus que la FIA vient d'édicter une règle contraignant les motoristes à ne plus faire tourner des blocs vieux d'un an. La piste Honda est désormais évoquée, mais Ron Dennis s'y oppose fermement. McLaren veut conserver l'exclusivité de l'usine à gaz japonaise...
L'équipe Lotus, en voie de rachat par Renault, annonce à Austin que son actuel troisième pilote Jolyon Palmer sera le remplaçant de Romain Grosjean en 2016. L'Anglais de 24 ans, vainqueur du GP2 en 2014, effectuera donc ses débuts en Formule 1 trente-trois ans après son père Jonathan Palmer. Bien sûr, il possède aussi quelques sponsors et aurait recueilli cinq millions d'euros selon certaines sources. Les derniers puristes français sont en tout cas une nouvelle fois déçus : on ne reverra pas de Tricolore au volant d'une Renault F1...
Alexander Rossi récupère le volant de la seconde Manor pour les Grands Prix américains. Il est le premier « Yankee » à disputer sa course nationale depuis Scott Speed en 2007.
Renault apporte au Texas une grosse évolution de son moteur hybride, capable selon l'ingénieur Rémi Taffin de faire gagner deux dixièmes par tour. Le motoriste français a dépensé onze de ses douze « jetons » pour parvenir à ce résultat somme toute modeste. Cependant, utiliser ces nouveaux moteurs signifierait pour Red Bull et Toro Rosso encaisser des pénalités sur la grille de départ. Elles décident ainsi d'un « commun accord » avec Renault Sport de les laisser de côté pour le moment, estimant que le surcroît de performance est négligeable.
Ferrari a dépensé ses quatre derniers « jetons » pour réaliser sa dernière évolution moteur de la saison. Sebastian Vettel et Kimi Räikkönen décident d'en user, mais pour cela acceptent de subir des pénalités de dix places sur la grille. Ce sont en effet leurs cinquièmes changements de groupe propulseur en 2015. Chez McLaren, Fernando Alonso a toujours l'exclusivité du nouveau moteur Honda. Selon l'Espagnol, le gain obtenu ne serait que d'un petit dixième au tour.
Essais et qualifications: le danger Patricia
Patricia menace le Grand Prix des États-Unis. Non, il ne s'agit pas d'une « grid-girl » qui ferait chanter Uncle Bernie, mais d'un terrible cyclone, peut-être le plus violent de toute l'histoire de la météorologie. Il atteint le Texas à compter du vendredi 23 octobre. Ce jour-là, seule la séance d'essais libres du matin peut se dérouler, sur piste humide. L'après-midi, des trombes d'eau noient le circuit et la seconde séquence est annulée.
Samedi matin, une accalmie permet aux voitures de s'élancer pour ce qui doit être la dernière séance d'essais. Mais quelques heures plus tard, les qualifications ne peuvent avoir lieu. L'averse est diluvienne tandis que se déchaînent de terribles rafales de vent. L'asphalte est inondée : l'eau s'élève à dix centimètres au-dessus du sol. Le système de drainage est complètement saturé. Des commissaires doivent utiliser des pompes pour le vidanger en catastrophe ! Pendant trois heures ces malheureux s'échinent à évacuer une eau qui tombe à torrent... Pendant ce temps-là, dans les stands, on s'amuse comme on peut. Daniel Ricciardo et Daniil Kvyat improvisent quelques pas de danse sous le déluge. Chez Sauber, on fabrique un bateau à roue... Jos Verstappen et Carlos Sainz Senior tentent de se glisser dans les combinaisons de leurs fils respectifs... Finalement, après une attente interminable, la direction de course reporte l'épreuve de qualification au dimanche matin neuf heures.
Le lendemain matin, il pleut toujours sur Austin et l'adhérence est très précaire. Charlie Whiting enclenche pourtant le feu vert pour la Q1. Le drapeau rouge est agité au bout de cinq minutes suite à un accident sans gravité de Sainz. La séance reprend un quart d'heure plus tard. Nombreux sont les pilotes victimes de l'aquaplanage. L'averse redouble avant la troisième manche qui est finalement annulée. La grille est établie d'après les chronos de la Q2.
Rosberg réalise sa dix-neuvième pole position... trois secondes devant Hamilton. Dans ces conditions, les temps ne sont évidemment pas significatifs. Ricciardo et Kvyat placent leurs Red Bull-Renault en seconde ligne. Vettel et Räikkönen, initialement cinquième et huitième, se retrouvent treizième et dix-huitième du fait de leurs pénalités. Les Force India de Pérez et de Hülkenberg occupent la troisième ligne. Les Williams ne brillent pas : Massa est septième et Bottas seizième après avoir changé sa boîte de vitesses. Le jeune Verstappen, huitième dans ces conditions dantesques, se fait en revanche remarquer. Alonso réalise l'exploit de la matinée en hissant sa McLaren-Honda au neuvième rang. Son équipier Button est onzième. On retrouve plus loin sur la grille les Lotus (Grosjean 10ème, Maldonado 12ème) et les Sauber (Ericsson 14ème, Nasr 15ème). Rossi est dix-septième avec sa modeste Manor. Il fait mieux que Stevens, dix-neuvième et sanctionné pour un changement de moteur. Accidenté en Q1, Sainz partira à nouveau bon dernier.
Le Grand Prix
La pluie s'est enfin arrêtée au moment du départ, mais l'asphalte demeure assez détrempé. Tous les pilotes décident donc de s'élancer équipés de pneus intermédiaires. Les prévisions météorologiques sont optimistes : selon toute vraisemblance aucune averse ne viendra troubler l'épreuve.
Départ : Rosberg prend un envol médiocre qui permet à Hamilton de se porter à sa hauteur au premier freinage. Comme à Suzuka, l'Anglais est placé à l'intérieur, et à nouveau il pousse son équipier sur le bas-côté. Il s'empare ainsi du commandement. Kvyat et Ricciardo en profitent pour doubler un Rosberg furieux. Plus loin Bottas touche Alonso. Tous deux partent en tête-à-queue avant de repartir, tandis que Massa tape l'arrière de la Lotus de Grosjean. Rossi heurte son équipier Stevens en voulant éviter Massa.
1er tour : Pérez double Rosberg dans les Esses avant de rendre sa position au virage n°11. Rosberg attaque ensuite Ricciardo au virage n°12, sans succès. Vettel et Räikkönen remontent dans le peloton. En fin de tour, Hamilton est premier devant Kvyat, Ricciardo, Rosberg, Pérez, Hülkenberg, Vettel, Verstappen, Button et Räikkönen. Victimes de crevaisons, Alonso et Grosjean arrivent aux stands pour changer de pneus. Bottas s'arrête pour réparer son museau et repart avec les pneus slicks. Stevens met pied à terre, sa roue arrière-gauche s'étant effondrée suite au contact avec son équipier.
2e : La piste est encore très mouillée. Räikkönen et Sainz doublent Button. Nasr tente de faire l'intérieur à Ericsson au premier freinage, mais ne réussit qu'à briser son aileron avant contre le ponton de son équipier.
3e : Hamilton devance Kvyat (1.1s.), Ricciardo (2.7s.) et Rosberg (4.4s.). Quelques débris de carbone jonchent la piste au premier virage. Nasr passe par les stands pour remplacer son aileron avant. Comme Bottas, il tente de repartir en slicks.
4e : Kvyat est revenu sur les talons de Hamilton. Vettel prend le meilleur sur Hülkenberg. Il est encore trop tôt pour mettre les pneus lisses : Bottas et Nasr roulent dix secondes au tour moins vite que leurs adversaires.
5e : Kvyat plonge à l'intérieur au premier virage mais glisse légèrement. Hamilton « croise » la Red Bull et reste en tête. Verstappen, Räikkönen et Sainz doublent Hülkenberg, lorsque la direction de course met en place la procédure de « voiture de sécurité virtuelle » pour permettre aux commissaires de balayer les débris situés au sommet du circuit.
6e : Les voitures ralentissent. Bottas et Nasr reviennent aux stands pour remettre les pneus rainurés.
7e : Bottas abandonne, sa suspension étant trop endommagée suite à la collision du départ.
8e : La course est relancée tandis que les leaders entament les Esses. Très prompt à réagir, Rosberg surprend immédiatement Ricciardo. Puis il dépasse Kvyat au douzième virage. Ericsson double Button.
9e : Hamilton mène devant Rosberg (0.7s.), Kvyat (1.6s.), Ricciardo (2.7s.), Pérez (8.4s.), Vettel (9.1s.), Verstappen (10.7s.), Räikkönen (12.1s.), Sainz (13s.) et Hülkenberg (15.9s.).
10e : Les Mercedes ne parviennent pas à semer les Red Bull, visiblement réglées pour une piste humide. Grosjean passe chez Lotus pour mettre des pneus slicks.
12e : Kvyat est dans les échappements de Rosberg. Il essaie de le doubler au dernier virage mais part au large dans l'échappatoire. Il reprend la route derrière son équipier Ricciardo. Grosjean abandonne car l'arrière de sa Lotus a trop souffert de l'accrochage avec Massa.
13e : Rosberg glisse au premier freinage, ce qui permet à Ricciardo de le doubler par l'intérieur. Sainz dépasse Räikkönen.
14e : Ricciardo menace désormais Hamilton. Räikkönen repasse devant Sainz.
15e : Ricciardo est pressant derrière Hamilton. Il parvient à le doubler au virage n°18. Räikkönen tente de faire l'intérieur à Verstappen au douzième virage, sans succès. Les roues du vétéran et de benjamin du plateau se sont touchées.
16e : Rosberg attaque Hamilton au virage n°12, sans succès. Ricciardo s'échappe et devance Hamilton (2.4s.), Rosberg (3.1s.), Kvyat (3.9s.), Pérez (13.6s.) et Vettel (14.7s.). Pour la première fois de l'année, une Red Bull mène la course.
17e : Verstappen surprend Vettel au virage n°11, mais l'Allemand reprend sa position au bout de la longue ligne droite. Ericsson et Button entrent aux stands pour mettre des pneus slicks.
18e : La piste s'assèche. Ricciardo a cinq secondes d'avance sur les Mercedes. Rosberg fait l'intérieur à Hamilton au virage n°12, mais l'Anglais parvient à le « croiser ». Cette fois, Rosberg ne s'en laisse pas conter et dépasse son équipier « au forceps » dans l'enchaînement suivant. Hamilton entre ensuite aux stands pour mettre des pneus slicks tendres.
19e : Hamilton reprend la piste en neuvième position. Vettel, Verstappen, Massa, Nasr et Rossi chaussent aussi des slicks.
20e : La trajectoire est sèche. Ricciardo, Rosberg, Kvyat, Pérez, Hülkenberg, Räikkönen et Alonso entrent aux stands pour mettre des slicks. Ricciardo et Rosberg ressortent en tête. L'Australien commet une petite faute au virage n°7. Kvyat repart devant Hamilton qui tente de le doubler mais glisse dans l'échappatoire. Räikkönen dérape sur de l'eau au virage n°7. Il glisse dans les graviers et atterrit à faible allure dans un panneau publicitaire. Comme sa suspension paraît intacte, le Finlandais secoue son volant dans tous les sens pour se dégager. Il y parvient et reprend la piste avec un aileron avant effondré.
21e : Ricciardo n'a plus qu'une seconde d'avance sur Rosberg. Hamilton menace Kvyat. Sainz dépasse Pérez. Räikkönen arrive chez Ferrari pour monter un nouvel aileron et redémarre.
22e : Sur piste sèche, les Mercedes ne craignent plus personne : Rosberg double sans mal Ricciardo au virage n°12. Quelques secondes plus tard, Hamilton laisse Kvyat sur place. Hülkenberg double son équipier Pérez.
23e : Rosberg possède déjà trois secondes et demie d'avance sur Ricciardo. Avec une Ferrari réglée pour le sec, Vettel donne sa pleine mesure et rattrape Kvyat. Sainz commet une erreur et laisse passer Hülkenberg.
24e : Vettel prend la quatrième place à Kvyat. Massa regagne son garage. Sa suspension était endommagée depuis l'accrochage avec Grosjean. Les deux Williams sont hors-jeu.
25e : Rosberg mène devant Ricciardo (7s.), Hamilton (8.5s.), Vettel (12.4s.), Kvyat (13.9s.), Verstappen (17.2s.), Hülkenberg (24.3s.), Sainz (26.7s.), Pérez (33.1s.) et Button (39.7s.).
26e : Hamilton dépasse Ricciardo dans la ligne droite de la moitié du circuit. Räikkönen renonce car ses disques de freins ont été abîmés dans sa sortie de route.
27e : Ericsson s'immobilise au début de la longue ligne droite à cause d'une panne électrique. Bien que la Sauber soit placée hors trajectoire, la voiture de sécurité entre en piste.
28e : La course neutralisée, c'est la ruée vers les stands : Vettel, Pérez, Hülkenberg, Button, Nasr, Sainz et Alonso s'y précipitent. Vettel et Sainz chaussent des pneus médiums, les autres des pneus tendres. Une dépanneuse évacue la Sauber d'Ericsson tandis qu'un commissaire ramasse un plot tombé sur la piste dans le dernier virage.
29e : Verstappen change à son tour de pneus.
30e : Autorisation est donnée aux retardataires de se dédoubler. Le classement est le suivant : Rosberg premier devant Hamilton, Ricciardo, Kvyat, Vettel, Verstappen, Hülkenberg, Pérez, Button, Sainz, Maldonado, Alonso, Rossi et Nasr.
33e : La voiture de sécurité s'efface. La course redémarre avec les deux Mercedes au commandement. Kvyat tire tout droit au premier freinage et se fait doubler par Vettel. Ce dernier attaque ensuite Ricciardo au virage n°12. Les deux hommes bataillent férocement dans l'enchaînement suivant, et l'Australien parvient à maintenir sa position.
34e : Les Mercedes s'échappent. Vettel déborde Ricciardo par l'extérieur du virage n°2. Verstappen efface facilement Kvyat puis remonte sur Ricciardo. Au bout de la longue ligne droite, Kvyat est surpris par un freinage de Verstappen et quitte la route. Il perd encore une position au profit de Hülkenberg.
35e : Rosberg et Hamilton ont huit secondes d'avance sur Vettel. Verstappen prend l'ascendant sur Ricciardo. Button menace Pérez pour le gain de la huitième place.
36e : Hülkenberg fait l'intérieur à Ricciardo au virage n°12 mais freine trop tard. L'Allemand plie sa suspension avant-droite contre le ponton de la Red Bull. Il revient en piste mais doit se garer dans l'herbe quelques mètres plus loin. Ricciardo a regagné le tracé juste devant son équipier.
37e : Kvyat dépasse Ricciardo. Sainz reçoit cinq secondes de pénalité pour avoir roulé trop vite dans les stands.
38e : La course est à nouveau neutralisée par la « voiture de sécurité virtuelle » afin d'enlever la voiture de Hülkenberg. Rosberg est alors premier devant Hamilton (1.2s.), Vettel (12.3s.), Verstappen (16.5s.) et Kvyat (22.4s.).
39e : Rosberg entre aux stands pour chausser des pneus médiums (2.9s.). Il repart derrière Verstappen. Kvyat et Ricciardo se succèdent au stand Red Bull. La course est relancée à la fin de cette boucle. Hamilton occupe le commandement avec cinq secondes d'avance sur Vettel.
40e : Rosberg dépasse Verstappen. Alonso prend la sixième place à Pérez au premier freinage. Sainz attaque ensuite le Mexicain, sans résultat.
42e : Rosberg remonte rapidement sur Vettel grâce à ses pneus neufs. Il le double au douzième virage.
43e : Kvyat part en vrille à pleine vitesse dans la dernière courbe et percute le rail de face. La Red Bull meurtrie glisse ensuite sur la piste pour s'échouer dans le dégagement opposé. Pendant que Kvyat quitte son habitacle, la voiture de sécurité intervient à nouveau.
44e : Hamilton arrive aux stands pour chausser des pneus tendres (2.6s.). Il est imité par Vettel (2.7s.) qui souhaite titiller les Mercedes en fin d'épreuve. Sainz change aussi de pneus.
45e : Les voitures se regroupent derrière la Safety Car. Button change une dernière fois de gommes.
46e : La voiture de sécurité s'apprête à s'effacer à dix tours du but. Rosberg est premier devant Hamilton, Verstappen, Vettel, Alonso, Pérez, Ricciardo, Button, Maldonado, Sainz, Nasr et Rossi.
47e : L'épreuve redémarre. Rosberg demeure devant Hamilton. Vettel efface Verstappen sans trop de mal. Maldonado se réveille et double Sainz. Puis il tente l'abordage sur Button au virage n°12. Les bolides se touchent, Maldonado emprunte l'échappatoire et se retrouve à nouveau derrière Sainz.
48e : Rosberg perd l'arrière de sa monoplace dans les Esses et tire tout droit dans le dégagement. Lorsqu'il revient en piste, il est trop tard : Hamilton est premier et virtuellement champion du monde. Sainz double Button.
49e : Rosberg réalise le meilleur tour de la course: 1'40''666'''. Pérez dépasse Alonso qui subit une perte de puissance. Sainz double Ricciardo au virage n°11. L'Australien riposte dans la ligne droite et au freinage, la Red Bull et la Toro Rosso quittent la route pour emprunter le dégagement. Button en profite pour doubler ces deux maladroits.
50e : Hamilton s'enfuit en tête. Button double Alonso devant les stands. Sainz dépasse ensuite son compatriote tandis que Maldonado se débarrasse de Ricciardo.
51e : Hamilton est premier devant Rosberg (2.3s.), Vettel (5.1s.), Verstappen (12.6s.), Pérez (17.5s.), Button (19.1s.) et Sainz (20s.). Très lent, Alonso laisse passer Maldonado et Nasr, tandis que Ricciardo regagne les stands pour changer ses gommes.
53e : Sainz menace Button pendant que Ricciardo double Rossi et se lance à la poursuite d'Alonso.
54e : Vettel se rapproche de Rosberg. Sainz dépasse Button au virage n°12.
55e : Vettel est revenu à moins d'une seconde de Rosberg. S'il double son compatriote, le sacre de Hamilton sera remis, mais si les choses en restent ainsi, l'Anglais sera titré.
56ème et dernier tour : Lewis Hamilton remporte sa dixième victoire en 2015 et déroche son troisième titre de champion du monde. En effet, Rosberg conserve de justesse sa seconde place devant Vettel. Verstappen obtient une très probante quatrième place dans des conditions difficiles. Il devance Pérez, Sainz et Button. Maldonado est huitième devant un Nasr revenu de nulle part. Ricciardo chipe in extremis le dernier point à Alonso. Un point récolté, alors que l'Australien a mené la course... Rossi termine douzième à domicile, ce qui constitue la meilleure performance de l'année pour Manor.
A cause de sa pénalité de cinq secondes, Sainz rétrograde à la septième, et Button récolte ainsi huit points.
Après la course: Hamilton titré, Rosberg en colère
Sorti de sa Mercedes, Hamilton reçoit les félicitations de Vettel et de Paddy Lowe. Peu avant de paraître sur le podium, où l'attend notamment Elton John, il s'effondre en pleurs sous les yeux des caméras de la FOM qui impudiquement n'en perdent pas une seconde. Avec trois couronnes mondiales, Lewis Hamilton rejoint son idole Ayrton Senna au panthéon de la Formule 1 : « Pour moi, c'est vraiment quelque chose d'important à mes yeux, c'est vraiment l'idole de mon enfance, mon modèle. Avoir trois titres comme lui, c'est quelque chose que je n'ai jamais cru possible. Quand j'étais enfant, je voulais être champion du monde, c'est fou de se dire que je suis maintenant triple champion du monde. » Après Jackie Stewart, Hamilton est aussi le deuxième Britannique à remporter trois titres mondiaux. Il est le premier à en obtenir deux d'affilée.
Son allégresse n'est pas unanimement partagée. Toujours avant la cérémonie du podium, il lance négligemment à Nico Rosberg la casquette Pirelli dévolue au deuxième. L'Allemand la lui renvoie de façon tout aussi peu cavalière. Il ne digère pas la façon brutale avec laquelle il s'est fait doubler au premier freinage. Roi de la langue de bois depuis le début de l'année, Rosberg s'ouvre enfin avec sincérité : « Il faut me comprendre, je suis juste dégoûté. Aujourd'hui j'ai fait une erreur qui me coûte la victoire. Cela offre aussi le titre à Lewis mais j'avais de toute façon peu de chances de lui prendre. J'en profite pour le féliciter, il mérite de gagner le titre, il a fait une superbe saison et a été très constant. » Mais il s'empresse de dénoncer la manœuvre brutale de son équipier au départ : « Cela n'a pas eu un gros impact sur la course parce que je me suis bien battu et je me suis porté en tête tout seul, en dépassant des voitures. Mais sa manœuvre était trop agressive. Lewis a été trop loin et ce n'est pas correct. »
Toto Wolff convient que Hamilton a été trop empressé, de même que Niki Lauda qui précise aussi que l'Anglais se serait excusé par radio. Mais l'intéressé paraît sûr de son bon droit : « Nous nous sommes engagés dans le virage mais j'ai eu du sous-virage. [Rosberg] a tourné vers moi, pour prendre le virage et nous nous sommes touchés. Mais dire que j'ai été trop agressif, je ne le ressens pas comme cela. J'étais à l'intérieur, c'était donc ma trajectoire. » Et lorsque Wolff évoque la possibilité d'un nouveau modus vivendi entre les deux collègues, Hamilton s'emporte : « Il n'y a pas besoin de discussions ! Tout le monde a droit à avoir son opinion mais j'ai gagné et cela ne m'importe pas. Nico fait toujours ce genre de commentaires. Nous en discuterons mais il n'y avait rien d'intentionnel. »
Après cet incident, les spectateurs attendent avec impatience une éventuelle confrontation entre les deux équipiers à Mexico. Mais il y a tout lieu de penser que le « triumvirat » Wolff - Lauda - Lowe fera tout pour, sinon les réconcilier, du moins les apaiser et éviter un accrochage.
Et le troisième homme de ce championnat ? Sebastian Vettel n'est pas très déçu et préfère mettre en avant les progrès effectués par Ferrari en un an : « Nous avons une bonne voiture et cette saison a sans doute dépassé toutes nos espérances. Nous avons réduit l'écart et nous sommes prêts à relever le défi la saison prochaine. Rendez-vous en 2016. »
Avec 327 points, Hamilton est donc assuré du titre mondial. La place de vice-champion se disputera entre Vettel (251 pts) et Rosberg (247 pts). Au classement des constructeurs, Ferrari est désormais quasi-assurée de terminer deuxième devant Williams-Mercedes et Red Bull-Renault.
Tony