« Alexander Liberman » : différence entre les versions
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{{terme défini|Alexander Semeonovitch Liberman}}, dit '''Alex Liberman''', né le {{date de naissance-|4 septembre 1912}} à [[Kiev]] ([[Empire russe]], aujourd'hui [[Ukraine]]) et mort le {{date de décès-|19 novembre 1999}} à [[Miami]] ([[États-Unis]]), est un [[artiste]] pluridisciplinaire et [[éditeur de presse]] [[États-Unis|américain]], connu surtout pour son rôle majeur au sein des éditions [[Condé Nast Publications|Condé Nast]] durant trente-deux ans, essentiellement à la [[Directeur artistique|direction artistique]] du magazine ''[[Vogue]]''. |
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Après avoir commencé sa carrière en France, il part à New York. Il établit une étroite collaboration avec [[Irving Penn]] dès le milieu de la [[Seconde Guerre mondiale]]. Il côtoie également, au cours de sa carrière, de nombreux grands [[Photographe de mode|photographes de mode]] tels que [[Horst P. Horst]], [[Cecil Beaton]], [[Henry Clarke]], [[Erwin Blumenfeld]] ou [[William Klein]]. Il introduit au sein de ''Vogue'' diverses formes d'art. |
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Alexander Liberman cherchera en permanence à être à l'avant-garde de son époque et restera une influence considérable pour la presse de mode. |
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== Biographie == |
== Biographie == |
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Alexander Liberman passe sa |
Alexander Liberman passe sa petite enfance entre [[Saint-Pétersbourg]] et Moscou. Après la [[Révolution russe]], sa famille émigre en Angleterre avec la permission de [[Lénine]]<ref name=TheGuardian1999 />. Son instruction se fait à Moscou, à [[Londres]], mais surtout à Paris où il suit les cours d'[[André Lhote]], passe par l'[[École nationale supérieure des beaux-arts|École des beaux-arts]] pour y étudier l'architecture, puis collabore avec [[Cassandre (graphiste)|Cassandre]]<ref name=NA131 />. |
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En 1929, Alexander Liberman est embauché par [[Lucien Vogel]] au magazine ''[[Vu (magazine)|Vu]]'' où il côtoie la photographie de [[reportage]]<ref name=H101>{{harvsp|Herschdorfer - Aux portes du monde moderne|2012|p=101|id=NH2012}}</ref>. Il devient directeur artistique au bout d'un an puis [[rédacteur en chef]] du magazine<ref name=Dico>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Georgina O'Hara Callan| traducteur=Lydie Échasseriaud |titre=Dictionnaire de la mode |titre original={{Lang|en|The Encyclopaedia of Fashion}} |éditeur=[[Thames & Hudson]] |collection=L'univers de l'art |lieu=Paris| année première édition =1986 |année= 2009| réimpression=2011 |pages totales=303|isbn= 978-2-87811-327-3|présentation en ligne=http://blog.looknbe.com/2011/10/le-dictionnaire-de-la-mode-by-georgina-o%E2%80%99hara-callan/|passage=165}}</ref>. |
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Il se marie en 1936 avec la championne de ski [[Hilda Sturm]]. |
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Par la suite, il part dans le sud de la France et peint<ref name="Dico" />. Il divorce de [[Hilda Sturm]] trois ans après son mariage et se remarie avec Tatiana Yakovleva<ref name="TheGuardian1999" />. À son arrivée à New York durant la Guerre, il reprend contact avec Lucien Vogel également en exode dans la ville américaine et proche de {{Lien|Condé Montrose Nast}}<ref name="NA131" />, ce dernier ayant acheté la ''[[Gazette du bon ton]]'' plusieurs années auparavant, et de Iva Sergei Voidato Patcevitch, compatriote de Liberman {{Note|Iva Sergei Voidato-Patcévitch devient en 1942 après la mort de Nast le {{Citation|président exécutif de l'entreprise}}<ref name=NA128>{{harvsp|Angeletti, Oliva|20007|loc=L'évolution du style {{page|128}}|id=NAAO2007}}</ref>.|group=n}}. Patcévitch promet de parler de Liberman à Nast<ref name="NA131" />. Mais avant cette éventuelle entrevue, Alexander Liberman rencontre le directeur artistique du ''Vogue'' américain Mehemed Fehmy Agha (connu comme Dr. Agha), russe également, qui lui fait faire un essai dès la semaine suivante. {{Citation|Désolé, vous n'êtes pas fait pour Vogue}} s'entend dire Liberman de la part du directeur artistique, avant de rencontrer finalement Nast la semaine suivante qui l'engage aussitôt, {{Citation|un homme tel que vous doit être chez ''Vogue''}}<ref name="NA131" />. |
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=== ''Vogue'' === |
=== ''Vogue'' === |
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Il rejoint donc les éditions Condé Nast peu avant la mort de leur propriétaire<ref name=NA131>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|p=131|id=NAAO2007}}</ref> au département des maquettistes, s'occupant de façon privilégiée de la couverture du ''Vogue''<ref name=NA133>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|p=133|id=NAAO2007}}</ref>. Dès le départ, innovant<ref name=TheGuardian1999 />, il se fait remarquer par la qualité de ses |
Il rejoint donc les éditions Condé Nast peu avant la mort de leur propriétaire<ref name=NA131>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|p=131|id=NAAO2007}}</ref> en 1942, au département des maquettistes, s'occupant de façon privilégiée de la couverture du ''Vogue''<ref name=NA133>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|p=133|id=NAAO2007}}</ref>. Dès le départ, innovant<ref name=TheGuardian1999 />, il se fait remarquer par la qualité de ses compositions et devient rapidement le consultant personnel de Condé Montrose Nast, au détriment de l'influence du Dr. Agha le directeur artistique qui perd alors peu à peu son pouvoir<ref name=NA133 />. Nast cherche alors à changer le contenu rédactionnel du ''Vogue'' vers quelque chose de plus informatif avec une légende pour chaque photo ou les titres des articles sur la couverture<ref name=NA133 />. {{Citation|Une photographie de mode n'est pas une photographie de robe, mais la photographie d'une femme}} dira-t-il plus tard{{Note|Cité dans la préface d'un ouvrage écrite par Libermann en 1992, repris ''in'' : Angeletti, Oliva 2007<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=La photographie de mode {{page|56}}|id=NAAO2007}}</ref>, cette phrase fait écho à la citation antérieure à propos d'une image de [[Edward Steichen|Steichen]] datée de 1927 : {{Citation|C'est la clé de la photographie de mode. la mode est présente, mais la photo offre quelque chose de bien plus important : l'image d'une femme au sommet de sa séduction.}}<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=La photographie franche de Steichen {{page|67}}|id=NAAO2007}}</ref>|group=n }}. |
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==== Directeur artistique ==== |
==== Directeur artistique ==== |
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Juste après la mort de Nast fin 1942, le Dr. Agha, lassé de la suprématie de Liberman, |
Juste après la mort de Nast fin 1942, le Dr. Agha, lassé de la suprématie de Liberman, démissionne. Alexander Liberman est nommé un mois plus tard directeur artistique de ''Vogue'', orientant avec [[Edna Woolman Chase]] le magazine vers la photographie de mode, dite « de reportage » car à l'extérieur des studios<ref name="DM592">{{harvsp|Dictionnaire mondial - Vogue|2001|p=592|id=DM2001}}.</ref>, ainsi que des sujets parfois plus variés ; en accord avec la rédactrice en chef, ils publient des images de guerre de [[Lee Miller]]<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Lee Miller {{page|142}}|id=NAAO2007}}.</ref>. En 1943, il recrute comme assistant Irving Penn ; celui-ci doit trouver des idées et faire la liaison entre la direction artistique et l'ensemble des photographes de ''Vogue''<ref name=NA145>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=L'arrivée d'Irving Penn {{page|145}}|id=NAAO2007}}.</ref>. Mais cette collaboration n’aboutit pas au but escompté, les photographes reconnus de l'époque tels que [[Cecil Beaton|Beaton]] ou [[Erwin Blumenfeld|Blumenfeld]], aux styles personnels affirmés, n'ont que faire des demandes du duo Liberman-Penn<ref name=NA145 />. Alexander Liberman demande alors à Penn de réaliser lui-même les photographies ; il lui attribue un assistant et une place dans le studio photo du magazine<ref name=NA145 />. |
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==== Après Guerre ==== |
==== Après Guerre ==== |
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Dès la fin de la |
Dès la fin de la Guerre, il sait que ''Vogue'' doit changer de style, tel que Nast l'avait envisagé peu avant son décès, à savoir s'éloigner d'un certain maniérisme statique et montrer des femmes actives qui travaillent ou font du {{Lang|en|shopping}}<ref name=H101 /> ; il impose rapidement son style novateur transformant le magazine de son format « album » vers un support de presse informatif, changeant la [[typographie]], la [[Franklin Gothic|police de caractères]], la [[mise en page]] devenue désuète<ref name=NA134>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|p=134|id=NAAO2007}}</ref>. Alex Liberman essaye {{incise|sans succès}} d'engager [[Richard Avedon]]<ref name=NA196>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Richard Avedon {{page|196}}|id=NAAO2007}}</ref>. Déjà débutée bien avant la Guerre, la concurrence féroce du ''Vogue'' incarné par le duo Edna Woolman Chase et Alexander Liberman doit faire face à celle du ''[[Harper's Bazaar|Bazaar]]'' de [[Carmel Snow]] et [[Alexey Brodovitch]], magazine en perpétuelle évolution et plus avant-gardiste<ref name=NA134 />. Mais Chase la [[rédactrice en chef]] du ''Vogue'' depuis des décennies reste très conservatrice et s'oppose à tout changement, malgré les arguments de Liberman qui cherchait à rendre le magazine {{Citation|élégant}} et {{Citation|attirant}}<ref name=NA134 />. En [[Années 1950 en mode|1952]], Chase alors âgée de soixante-dix-sept ans et après une remarquable carrière est remplacée par [[Jessica Daves]]<ref name=NA150>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Jessica Daves {{page|150}}|id=NAAO2007}}</ref>. Daves, n'ayant aucune connaissances en mise en page ou photographie, donne les pleins pouvoirs à Liberman<ref name=NA150 />, non sans parfois créer des conflits entre le [[conservatisme]] féroce de la rédactrice en chef et l'imagination débordante du directeur artistique<ref name=NA155>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Jessica Daves {{page|155}}|id=NAAO2007}}</ref>. Malgré tout, le duo ainsi formé fait évoluer le niveau intellectuel du magazine vers plus de textes et une ouverture à l'art ; pour Jessica Davis, les connaissances de Liberman en ce domaine sont un atout fondamental<ref name=NA155 /> et il supervise chaque article sur l'art et réalise plusieurs séries de photos<ref name=NA158>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=L'art et les écrivains viennent à ''Vogue'' {{page|158}}|id=NAAO2007}}</ref>. Simultanément, il développe un projet personnel, celui de photographier les ateliers des grands peintres<ref name=NA158 /> et publie un ouvrage sur le sujet, ''{{Lang|en|The Artist In His Studio}}'', en 1955<ref name=TheGuardian1999 />. |
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Vers la fin de l'année 1962, Alex Liberman et {{lien|Samuel Irving Newhouse, Sr.|texte=Samuel Newhouse}}, le nouveau propriétaire de Condé Nast depuis quelques années, débauchent l'influente [[Diana Vreeland]]<ref name=NA167 /> de chez ''Harper's Bazaar'' où elle travaillait avec Snow et Brodovitch, comme rédactrice associée à Jessica Davis, puis rapidement rédactrice en chef<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Diana Vreeland {{page|173}}|id=NAAO2007}}</ref>. Celle-ci amène avec elle [[Richard Avedon]] qui reçoit un pont d'or pour signer un contrat avec ''Vogue''<ref name=NA196 />. Le magazine va alors connaitre ce que Liberman appelle {{Citation|la période de l'érotisme intellectuel}} sous l'influence du [[quatuor]] qu'il forme avec Vreeland, Avedon, et le mannequin |
Vers la fin de l'année 1962, Alex Liberman et {{lien|Samuel Irving Newhouse, Sr.|texte=Samuel Newhouse}}, le nouveau propriétaire de Condé Nast depuis quelques années, débauchent l'influente [[Diana Vreeland]]<ref name=NA167 /> de chez ''Harper's Bazaar'' où elle travaillait avec Snow et Brodovitch, comme rédactrice associée à Jessica Davis, puis rapidement rédactrice en chef<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Diana Vreeland {{page|173}}|id=NAAO2007}}</ref>. Celle-ci amène avec elle [[Richard Avedon]] qui reçoit un pont d'or pour signer un contrat avec ''Vogue''<ref name=NA196 />. Le magazine va alors connaitre ce que Liberman appelle {{Citation|la période de l'érotisme intellectuel}} sous l'influence du [[quatuor]] qu'il forme avec Vreeland, Avedon, et le mannequin [[Penelope Tree]]<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Richard Avedon {{page|199}}|id=NAAO2007}}</ref>. |
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=== Condé Nast Publications === |
=== Condé Nast Publications === |
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Vingt ans après avoir été directeur artistique de ''Vogue'', il devient en décembre 1962 la « directeur éditorial » des [[Condé Nast Publications|éditions Condé Nast]]<ref name=NA128 />, supervisant les éditions internationales dont le ''[[Vogue français]]'' de [[Francine Crescent]], [[Magazine de mode|magazine]] alors au sommet de la créativité<ref name="DM592" />{{,}}{{Note|Parfois, Alex Liberman reprenais des photos destinées au ''Vogue'' français pour les publier dans l'édition américaine<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Les images sexuelles {{page|232}}|id=NAAO2007}}</ref>.|group=n}} ou le magazine ''[[Mademoiselle (magazine)|Mademoiselle]]'' dans lequel il essaye les nouvelles tendances qui seront utilisées ultérieurement dans ''Vogue''<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Les commandements de la maquette {{page|374}}|id=NAAO2007}}</ref>. Mais dans les années 1970, le système coûteux et dictatorial de Diana Vreeland |
Vingt ans après avoir été directeur artistique de ''Vogue'', il devient en {{date-|décembre 1962}} la « directeur éditorial » des [[Condé Nast Publications|éditions Condé Nast]]<ref name=NA128 />, supervisant les éditions internationales dont le ''[[Vogue français]]'' de [[Francine Crescent]], [[Magazine de mode|magazine]] alors au sommet de la créativité<ref name="DM592" />{{,}}{{Note|Parfois, Alex Liberman reprenais des photos destinées au ''Vogue'' français pour les publier dans l'édition américaine<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Les images sexuelles {{page|232}}|id=NAAO2007}}</ref>.|group=n}} ou le magazine ''[[Mademoiselle (magazine)|Mademoiselle]]'' dans lequel il essaye les nouvelles tendances qui seront utilisées ultérieurement dans ''Vogue''<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Les commandements de la maquette {{page|374}}|id=NAAO2007}}</ref>. Mais dans les années 1970, le système coûteux et dictatorial de Diana Vreeland montre ses limites. {{Citation|C'était comme survivre dans une maison de fous. Tout était extravagance, luxe et excès. Elle aimait le pouvoir. Elle en a pris trop. J'étais le directeur de la rédaction […] Et je devenais impuissant. […] Les ventes chutaient. […] L'affaire nous échappait.}} précise Alex Liberman dans sa biographie<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=La fin du style Vreeland {{page|204}}|id=NAAO2007}}</ref>. En {{date-|juillet 1971}} elle est remplacée par [[Grace Mirabella]], son bras droit, le choix de Liberman qui va la soutenir des années durant<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Grace Mirabella {{page|213}}|id=NAAO2007}}<br />Ce soutien est confirmé par l’intéressée lors d'une interview, ''in'' : {{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Mon temps chez Vogue par Grace Mirabella {{page|245}}|id=NAAO2007}}</ref>. À cette époque, et contrairement à l'ère de Diana Vreeland, Alexander Liberman supervise tout au sein du magazine en accord avec Mirabella, et a le dernier mot ; à eux deux, ils forment une équipe harmonieuse<ref>L'entente de l'équipe formée par Mirabella et Liberman, ainsi que la répartition des responsabilités, sont citées plusieurs fois dont {{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=La formule a un million de dollars {{page|215}}|id=NAAO2007}} et {{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Deborah Turbeville {{page|241}}|id=NAAO2007}}</ref>. {{Citation|J'aimais sa façon de penser. Elle était sensible à la modernité de la femme américaine}} précise-t-il<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Nouveaux mannequins, nouvelles voix {{page|225}}|id=NAAO2007}}</ref>. Mais cette entente de plusieurs années ne dure pas et des différents se font sentir au sein du magazine, Liberman étant souvent en opposition sur la ligne éditoriale<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Deborah Turbeville {{page|241}}|id=NAAO2007}}</ref>. |
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En 1986, |
En 1986, ''Vogue'' a vieilli. Le magazine ''[[Elle (magazine)|Elle]]'' est lancé aux États-Unis avec succès<ref group=n>Entre autres par [[Carlyne Cerf de Dudzeele]] que Liberman va rapidement débaucher pour le ''Vogue'' américain.</ref>, supplantant en quelques mois ''Harper's Bazaar'' ; dès l'année suivante, Alexander Liberman soumet une nouvelle maquette du magazine à Grace Mirabella, souhaitant être plus en phase avec son époque. Elle refuse celle-ci et est licenciée rapidement dès l'année suivante pour être remplacée par [[Anna Wintour]]. Alexander Liberman, âgé de plus de soixante-quinze ans et malade dois assurer la transition<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Vers le nouveau siècle {{page|243}}|id=NAAO2007}}</ref> avec Anna Wintour qu'il avait nommé « directrice de la création » quelques années auparavant<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=L'ère Anna Wintour {{page|251}}|id=NAAO2007}}</ref>. Brisant immédiatement la routine instaurée dans le magazine, Anna Wintour et Alexander Liberman travaillent étroitement ensemble<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Captiver la nouvelle femme {{page|256}}|id=NAAO2007}}</ref>, bien que ce dernier passe moins de temps au magazine du fait de son état de santé<ref name=NA281>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=Le monde de Vogue sous l’œil de Newhouse {{page|281}}|id=NAAO2007}}</ref>. |
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Liberman reste à son poste de directeur jusqu'au début des années 1990<ref name=NA167>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=S. I. Newhouse {{page|167}}|id=NAAO2007}}</ref> et meurt en 1999<ref name=TheGuardian1999>{{harvsp|Sisman|1999|id=LS1999}}</ref>. {{Lien|Samuel Irving Newhouse, Jr.}} souligne que Liberman a su, tout au long de sa carrière, poser {{Citation|les fondations du ''Vogue'' moderne<ref name=NA281 />.}} |
Liberman reste à son poste de directeur jusqu'au début des [[Années 1990 en mode|années 1990]]<ref name=NA167>{{harvsp|Angeletti, Oliva|2007|loc=S. I. Newhouse {{page|167}}|id=NAAO2007}}</ref> et meurt en 1999<ref name=TheGuardian1999>{{harvsp|Sisman|1999|id=LS1999}}</ref>. {{Lien|langue=en|fr=Samuel Irving Newhouse, Jr.}} souligne que Liberman a su, tout au long de sa carrière, poser {{Citation|les fondations du ''Vogue'' moderne<ref name=NA281 />.}} |
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=== Photographes === |
=== Photographes === |
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De par ses fonctions, Alexander Liberman est à l'origine de la carrière de nombreux [[Photographe de mode|photographes]] comme c'est le cas pour quelques directeurs artistiques de l'époque, jusqu'à rendre le nom de [[Irving Penn]] indissociable du sien<ref>{{harvsp|Dictionnaire mondial - Mode et photographie|2001|p=382|id=DM2001}}</ref> ; durant la [[Mode sous l'Occupation|Seconde Guerre mondiale]] il recrute ce dernier pour ''Vogue''<ref>{{harvsp|Dictionnaire mondial - Irving Penn|2001|p=444|id=DM2001}}</ref>, mais également [[Constantin Joffé]] vers 1942 puis [[Frances McLaughlin-Gill]] en 1943 qu'il a |
De par ses fonctions, Alexander Liberman est à l'origine de la carrière de nombreux [[Photographe de mode|photographes]] comme c'est le cas pour quelques directeurs artistiques de l'époque, jusqu'à rendre le nom de [[Irving Penn]] indissociable du sien<ref>{{harvsp|Dictionnaire mondial - Mode et photographie|2001|p=382|id=DM2001}}</ref> ; durant la [[Mode sous l'Occupation|Seconde Guerre mondiale]] il recrute ce dernier pour ''Vogue''<ref>{{harvsp|Dictionnaire mondial - Irving Penn|2001|p=444|id=DM2001}}</ref>, mais également [[Constantin Joffé]] vers 1942 puis [[Frances McLaughlin-Gill]] en 1943 qu'il a rencontrée sur le conseil de [[Toni Frissell]]. La plupart travaillent pour ''Vogue'', mais également pour ''[[Glamour (magazine)|Glamour]]'' ciblant des lectrices plus jeunes<ref name=H101 />. Après la Guerre, il pousse [[Henry Clarke]] à suivre des cours auprès de [[Alexey Brodovitch|Brodovitch]] puis l'embauche pour les trois principales éditions internationales de ''[[Vogue]]''<ref>{{harvsp|Dictionnaire mondial - Henry Clarke|2001|p=130|id=DM2001}}</ref>. Il recrute également en 1949, pour l'édition américaine, [[Norman Parkinson]] venu du ''[[British Vogue]]''<ref>{{harvsp|Herschdorfer - L'âge de la maturité|2012|p=122|id=NH2012}}</ref>, ou bien plus tard [[Deborah Turbeville]]<ref>{{harvsp|Angeletti, Oliva|20007|loc=Deborah Turbeville {{page|237}}|id=NAAO2007}}</ref> ou [[Arthur Elgort]]. Au milieu des [[Années 1970 en mode|années 1970]], il contacte le français [[Patrick Demarchelier]], alors fraichement arrivé à New York, et lui commande quelques images. Le photographe entame là une collaboration de plus de quarante ans avec les magazines des éditions [[Condé Nast]]<ref name="PapierGlacé">{{Article |auteur1=Violaine Binet |titre=Patrick Demarchelier |périodique=[[Vogue Paris|Papier Glacé]] |éditeur=[[Condé Nast Publications|Condé Nast]] |mois=3 |année=2014 |pages=30 }} (Ce supplément gratuit distribué aux abonnés avec le ''Vogue Paris'' de mars 2014 est également distribué lors de l'exposition ''Papier Glacé'' au [[Palais Galliera]].)</ref>. {{Citation|Liberman savait très bien ce qu'il voulait. À condition de respecter cette donne, on disposait d'une certaine liberté}} précise Demarchelier<ref name="PapierGlacé" />. |
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== Notes et références == |
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=== Détails des références === |
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* {{Ouvrage |langue=fr |titre=Dictionnaire mondial de la Photographie |éditeur=[[Éditions Larousse|Larousse]] |lieu=Paris |année=2001 |pages totales=634|isbn=2-03-750014-9 |lire en ligne= |
* {{Ouvrage |langue=fr |titre=Dictionnaire mondial de la Photographie |éditeur=[[Éditions Larousse|Larousse]] |lieu=Paris |année=2001 |pages totales=634|isbn=2-03-750014-9 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1200506v/f4.image.r=Liberman |id=DM2001}} |
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* {{ouvrage |langue=fr |prénom1=Nathalie |nom1=Herschdorfer| préface=Todd Brandow |titre=Papier glacé|sous-titre=un siècle de photographie de mode chez Condé Nast| titre original=Coming into fashion |éditeur=Thames & Hudson |lien éditeur=Thames & Hudson |lieu=Paris |année=2012 |pages totales=296| passage= |titre chapitre= |isbn= 978-2-87811-393-8|présentation en ligne=http://actuphoto.com/23085-laquo-papier-glace-raquo-ou-100-ans-de-photographie-de-mode.html |id=NH2012 }} <!-- <ref>{{harvsp|Herschdorfer - xxx|2012|p=xx|id=NH2012}}</ref> --> |
* {{ouvrage |langue=fr |prénom1=Nathalie |nom1=Herschdorfer| préface=Todd Brandow |titre=Papier glacé|sous-titre=un siècle de photographie de mode chez Condé Nast| titre original=Coming into fashion |éditeur=Thames & Hudson |lien éditeur=Thames & Hudson |lieu=Paris |année=2012 |pages totales=296| passage= |titre chapitre= |isbn= 978-2-87811-393-8|présentation en ligne=http://actuphoto.com/23085-laquo-papier-glace-raquo-ou-100-ans-de-photographie-de-mode.html |id=NH2012 }} <!-- <ref>{{harvsp|Herschdorfer - xxx|2012|p=xx|id=NH2012}}</ref> --> |
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* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Norberto Angeletti | auteur2=Alberto Oliva|et al.=oui|traducteur=Dominique Letellier, Alice Pétillot |titre=En Vogue |sous-titre=L'histoire illustrée du plus célèbre magazine de mode |éditeur=[[De Agostini|White Star]]|année= 2007|mois=6 |pages totales= 410|passage=131 à 135|titre chapitre=Le style Liberman |isbn=978-8861120594 |présentation en ligne=http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/noberto-angeletti-et-alberto-olivia-en-vogue-29488.php |id=NAAO2007 }} |
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Norberto Angeletti | auteur2=Alberto Oliva|et al.=oui|traducteur=Dominique Letellier, Alice Pétillot |titre=En Vogue |sous-titre=L'histoire illustrée du plus célèbre magazine de mode |éditeur=[[De Agostini|White Star]]|année= 2007|mois=6 |pages totales= 410|passage=131 à 135|titre chapitre=Le style Liberman |isbn=978-8861120594 |présentation en ligne=http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/noberto-angeletti-et-alberto-olivia-en-vogue-29488.php |id=NAAO2007 }} |
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* {{Lien web |langue=en |auteur=Lucy Sisman |url= |
* {{Lien web |langue=en |auteur=Lucy Sisman |url= https://www.theguardian.com/news/1999/dec/07/guardianobituaries1 |titre=Alexander Liberman |jour= 7|mois=12 |année=1999 |site=theguardian.com |éditeur=[[The Guardian]]|consulté le=30 janvier 2014|id=LS1999 }} |
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== Bibliographie == |
== Bibliographie == |
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* {{en}} Alexander Liberman, ''The Art and Technique of Color Photography'', New York, 1951 |
* {{en}} Alexander Liberman, ''The Art and Technique of Color Photography'', New York, 1951 |
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* {{en}} Georgia Radford, Warren Radford: ''Sculpture in the Sun. Hawaii's Art for Open Spaces'', University of Hawaii Press, Honolulu, 1978 |
* {{en}} Georgia Radford, Warren Radford: ''Sculpture in the Sun. Hawaii's Art for Open Spaces'', University of Hawaii Press, Honolulu, 1978 {{ISBN|0-8248-0526-7}} |
||
* {{en}} Charles Churchward, ''THEN : The Photographs of Alexander Liberman'', Random House, New York,1995 |
* {{en}} Charles Churchward, ''THEN : The Photographs of Alexander Liberman'', [[Random House]], New York, 1995 {{ISBN|0-679-44524-2}} |
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=== Biographie === |
=== Biographie === |
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* {{en}} Dodie Kazanjian et Calvin Tomkins, ''Alex'' |
* {{en}} Dodie Kazanjian et [[Calvin Tomkins]], ''Alex'' |
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== Liens externes == |
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{{liens}} |
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{{Palette|Vogue}} |
{{Palette|Vogue}} |
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{{Portail| |
{{Portail|édition|mode|photographie}} |
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{{DEFAULTSORT:Liberman, Alexander}} |
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Dernière version du 2 avril 2024 à 19:31
Pour les articles homonymes, voir Liberman.
Alexander Liberman
| Naissance | |
|---|---|
| Décès | |
| Pseudonyme |
Либерман, А. художник |
| Nationalités | |
| Formation | |
| Activités | |
| Conjoint |
Tatiana Yakovleva (d) |
| Enfant |
| A travaillé pour | |
|---|---|
| Mouvement | |
| Partenaire | |
| Genre artistique | |
| Distinction |
Alexander Semeonovitch Liberman, dit Alex Liberman, né le à Kiev (Empire russe, aujourd'hui Ukraine) et mort le à Miami (États-Unis), est un artiste pluridisciplinaire et éditeur de presse américain, connu surtout pour son rôle majeur au sein des éditions Condé Nast durant trente-deux ans, essentiellement à la direction artistique du magazine Vogue.
Après avoir commencé sa carrière en France, il part à New York. Il établit une étroite collaboration avec Irving Penn dès le milieu de la Seconde Guerre mondiale. Il côtoie également, au cours de sa carrière, de nombreux grands photographes de mode tels que Horst P. Horst, Cecil Beaton, Henry Clarke, Erwin Blumenfeld ou William Klein. Il introduit au sein de Vogue diverses formes d'art.
Alexander Liberman cherchera en permanence à être à l'avant-garde de son époque et restera une influence considérable pour la presse de mode.
Biographie
[modifier | modifier le code]Alexander Liberman passe sa petite enfance entre Saint-Pétersbourg et Moscou. Après la Révolution russe, sa famille émigre en Angleterre avec la permission de Lénine[1]. Son instruction se fait à Moscou, à Londres, mais surtout à Paris où il suit les cours d'André Lhote, passe par l'École des beaux-arts pour y étudier l'architecture, puis collabore avec Cassandre[2].
En 1929, Alexander Liberman est embauché par Lucien Vogel au magazine Vu où il côtoie la photographie de reportage[3]. Il devient directeur artistique au bout d'un an puis rédacteur en chef du magazine[4].
Il se marie en 1936 avec la championne de ski Hilda Sturm.
Par la suite, il part dans le sud de la France et peint[4]. Il divorce de Hilda Sturm trois ans après son mariage et se remarie avec Tatiana Yakovleva[1]. À son arrivée à New York durant la Guerre, il reprend contact avec Lucien Vogel également en exode dans la ville américaine et proche de Condé Montrose Nast (en)[2], ce dernier ayant acheté la Gazette du bon ton plusieurs années auparavant, et de Iva Sergei Voidato Patcevitch, compatriote de Liberman [n 1]. Patcévitch promet de parler de Liberman à Nast[2]. Mais avant cette éventuelle entrevue, Alexander Liberman rencontre le directeur artistique du Vogue américain Mehemed Fehmy Agha (connu comme Dr. Agha), russe également, qui lui fait faire un essai dès la semaine suivante. « Désolé, vous n'êtes pas fait pour Vogue » s'entend dire Liberman de la part du directeur artistique, avant de rencontrer finalement Nast la semaine suivante qui l'engage aussitôt, « un homme tel que vous doit être chez Vogue »[2].
Vogue
[modifier | modifier le code]Il rejoint donc les éditions Condé Nast peu avant la mort de leur propriétaire[2] en 1942, au département des maquettistes, s'occupant de façon privilégiée de la couverture du Vogue[6]. Dès le départ, innovant[1], il se fait remarquer par la qualité de ses compositions et devient rapidement le consultant personnel de Condé Montrose Nast, au détriment de l'influence du Dr. Agha le directeur artistique qui perd alors peu à peu son pouvoir[6]. Nast cherche alors à changer le contenu rédactionnel du Vogue vers quelque chose de plus informatif avec une légende pour chaque photo ou les titres des articles sur la couverture[6]. « Une photographie de mode n'est pas une photographie de robe, mais la photographie d'une femme » dira-t-il plus tard[n 2].
Directeur artistique
[modifier | modifier le code]Juste après la mort de Nast fin 1942, le Dr. Agha, lassé de la suprématie de Liberman, démissionne. Alexander Liberman est nommé un mois plus tard directeur artistique de Vogue, orientant avec Edna Woolman Chase le magazine vers la photographie de mode, dite « de reportage » car à l'extérieur des studios[9], ainsi que des sujets parfois plus variés ; en accord avec la rédactrice en chef, ils publient des images de guerre de Lee Miller[10]. En 1943, il recrute comme assistant Irving Penn ; celui-ci doit trouver des idées et faire la liaison entre la direction artistique et l'ensemble des photographes de Vogue[11]. Mais cette collaboration n’aboutit pas au but escompté, les photographes reconnus de l'époque tels que Beaton ou Blumenfeld, aux styles personnels affirmés, n'ont que faire des demandes du duo Liberman-Penn[11]. Alexander Liberman demande alors à Penn de réaliser lui-même les photographies ; il lui attribue un assistant et une place dans le studio photo du magazine[11].
Après Guerre
[modifier | modifier le code]Dès la fin de la Guerre, il sait que Vogue doit changer de style, tel que Nast l'avait envisagé peu avant son décès, à savoir s'éloigner d'un certain maniérisme statique et montrer des femmes actives qui travaillent ou font du shopping[3] ; il impose rapidement son style novateur transformant le magazine de son format « album » vers un support de presse informatif, changeant la typographie, la police de caractères, la mise en page devenue désuète[12]. Alex Liberman essaye — sans succès — d'engager Richard Avedon[13]. Déjà débutée bien avant la Guerre, la concurrence féroce du Vogue incarné par le duo Edna Woolman Chase et Alexander Liberman doit faire face à celle du Bazaar de Carmel Snow et Alexey Brodovitch, magazine en perpétuelle évolution et plus avant-gardiste[12]. Mais Chase la rédactrice en chef du Vogue depuis des décennies reste très conservatrice et s'oppose à tout changement, malgré les arguments de Liberman qui cherchait à rendre le magazine « élégant » et « attirant »[12]. En 1952, Chase alors âgée de soixante-dix-sept ans et après une remarquable carrière est remplacée par Jessica Daves[14]. Daves, n'ayant aucune connaissances en mise en page ou photographie, donne les pleins pouvoirs à Liberman[14], non sans parfois créer des conflits entre le conservatisme féroce de la rédactrice en chef et l'imagination débordante du directeur artistique[15]. Malgré tout, le duo ainsi formé fait évoluer le niveau intellectuel du magazine vers plus de textes et une ouverture à l'art ; pour Jessica Davis, les connaissances de Liberman en ce domaine sont un atout fondamental[15] et il supervise chaque article sur l'art et réalise plusieurs séries de photos[16]. Simultanément, il développe un projet personnel, celui de photographier les ateliers des grands peintres[16] et publie un ouvrage sur le sujet, The Artist In His Studio, en 1955[1].
Vers la fin de l'année 1962, Alex Liberman et Samuel Newhouse (en), le nouveau propriétaire de Condé Nast depuis quelques années, débauchent l'influente Diana Vreeland[17] de chez Harper's Bazaar où elle travaillait avec Snow et Brodovitch, comme rédactrice associée à Jessica Davis, puis rapidement rédactrice en chef[18]. Celle-ci amène avec elle Richard Avedon qui reçoit un pont d'or pour signer un contrat avec Vogue[13]. Le magazine va alors connaitre ce que Liberman appelle « la période de l'érotisme intellectuel » sous l'influence du quatuor qu'il forme avec Vreeland, Avedon, et le mannequin Penelope Tree[19].
Condé Nast Publications
[modifier | modifier le code]Vingt ans après avoir été directeur artistique de Vogue, il devient en la « directeur éditorial » des éditions Condé Nast[5], supervisant les éditions internationales dont le Vogue français de Francine Crescent, magazine alors au sommet de la créativité[9],[n 3] ou le magazine Mademoiselle dans lequel il essaye les nouvelles tendances qui seront utilisées ultérieurement dans Vogue[21]. Mais dans les années 1970, le système coûteux et dictatorial de Diana Vreeland montre ses limites. « C'était comme survivre dans une maison de fous. Tout était extravagance, luxe et excès. Elle aimait le pouvoir. Elle en a pris trop. J'étais le directeur de la rédaction […] Et je devenais impuissant. […] Les ventes chutaient. […] L'affaire nous échappait. » précise Alex Liberman dans sa biographie[22]. En elle est remplacée par Grace Mirabella, son bras droit, le choix de Liberman qui va la soutenir des années durant[23]. À cette époque, et contrairement à l'ère de Diana Vreeland, Alexander Liberman supervise tout au sein du magazine en accord avec Mirabella, et a le dernier mot ; à eux deux, ils forment une équipe harmonieuse[24]. « J'aimais sa façon de penser. Elle était sensible à la modernité de la femme américaine » précise-t-il[25]. Mais cette entente de plusieurs années ne dure pas et des différents se font sentir au sein du magazine, Liberman étant souvent en opposition sur la ligne éditoriale[26].
En 1986, Vogue a vieilli. Le magazine Elle est lancé aux États-Unis avec succès[n 4], supplantant en quelques mois Harper's Bazaar ; dès l'année suivante, Alexander Liberman soumet une nouvelle maquette du magazine à Grace Mirabella, souhaitant être plus en phase avec son époque. Elle refuse celle-ci et est licenciée rapidement dès l'année suivante pour être remplacée par Anna Wintour. Alexander Liberman, âgé de plus de soixante-quinze ans et malade dois assurer la transition[27] avec Anna Wintour qu'il avait nommé « directrice de la création » quelques années auparavant[28]. Brisant immédiatement la routine instaurée dans le magazine, Anna Wintour et Alexander Liberman travaillent étroitement ensemble[29], bien que ce dernier passe moins de temps au magazine du fait de son état de santé[30].
Liberman reste à son poste de directeur jusqu'au début des années 1990[17] et meurt en 1999[1]. Samuel Irving Newhouse, Jr. (en) souligne que Liberman a su, tout au long de sa carrière, poser « les fondations du Vogue moderne[30]. »
Photographes
[modifier | modifier le code]De par ses fonctions, Alexander Liberman est à l'origine de la carrière de nombreux photographes comme c'est le cas pour quelques directeurs artistiques de l'époque, jusqu'à rendre le nom de Irving Penn indissociable du sien[31] ; durant la Seconde Guerre mondiale il recrute ce dernier pour Vogue[32], mais également Constantin Joffé vers 1942 puis Frances McLaughlin-Gill en 1943 qu'il a rencontrée sur le conseil de Toni Frissell. La plupart travaillent pour Vogue, mais également pour Glamour ciblant des lectrices plus jeunes[3]. Après la Guerre, il pousse Henry Clarke à suivre des cours auprès de Brodovitch puis l'embauche pour les trois principales éditions internationales de Vogue[33]. Il recrute également en 1949, pour l'édition américaine, Norman Parkinson venu du British Vogue[34], ou bien plus tard Deborah Turbeville[35] ou Arthur Elgort. Au milieu des années 1970, il contacte le français Patrick Demarchelier, alors fraichement arrivé à New York, et lui commande quelques images. Le photographe entame là une collaboration de plus de quarante ans avec les magazines des éditions Condé Nast[36]. « Liberman savait très bien ce qu'il voulait. À condition de respecter cette donne, on disposait d'une certaine liberté » précise Demarchelier[36].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Iva Sergei Voidato-Patcévitch devient en 1942 après la mort de Nast le « président exécutif de l'entreprise »[5].
- Cité dans la préface d'un ouvrage écrite par Libermann en 1992, repris in : Angeletti, Oliva 2007[7], cette phrase fait écho à la citation antérieure à propos d'une image de Steichen datée de 1927 : « C'est la clé de la photographie de mode. la mode est présente, mais la photo offre quelque chose de bien plus important : l'image d'une femme au sommet de sa séduction. »[8]
- Parfois, Alex Liberman reprenais des photos destinées au Vogue français pour les publier dans l'édition américaine[20].
- Entre autres par Carlyne Cerf de Dudzeele que Liberman va rapidement débaucher pour le Vogue américain.
Références
[modifier | modifier le code]- Sisman 1999
- Angeletti, Oliva 2007, p. 131
- Herschdorfer - Aux portes du monde moderne 2012, p. 101
- Georgina O'Hara Callan (trad. Lydie Échasseriaud), Dictionnaire de la mode [« The Encyclopaedia of Fashion »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », (réimpr. 2011) (1re éd. 1986), 303 p. (ISBN 978-2-87811-327-3, présentation en ligne), p. 165
- Angeletti, Oliva 20007, L'évolution du style p. 128
- Angeletti, Oliva 2007, p. 133
- Angeletti, Oliva 2007, La photographie de mode p. 56
- Angeletti, Oliva 2007, La photographie franche de Steichen p. 67
- Dictionnaire mondial - Vogue 2001, p. 592.
- Angeletti, Oliva 2007, Lee Miller p. 142.
- Angeletti, Oliva 2007, L'arrivée d'Irving Penn p. 145.
- Angeletti, Oliva 2007, p. 134
- Angeletti, Oliva 2007, Richard Avedon p. 196
- Angeletti, Oliva 2007, Jessica Daves p. 150
- Angeletti, Oliva 2007, Jessica Daves p. 155
- Angeletti, Oliva 2007, L'art et les écrivains viennent à Vogue p. 158
- Angeletti, Oliva 2007, S. I. Newhouse p. 167
- Angeletti, Oliva 2007, Diana Vreeland p. 173
- Angeletti, Oliva 2007, Richard Avedon p. 199
- Angeletti, Oliva 2007, Les images sexuelles p. 232
- Angeletti, Oliva 2007, Les commandements de la maquette p. 374
- Angeletti, Oliva 2007, La fin du style Vreeland p. 204
- Angeletti, Oliva 2007, Grace Mirabella p. 213
Ce soutien est confirmé par l’intéressée lors d'une interview, in : Angeletti, Oliva 2007, Mon temps chez Vogue par Grace Mirabella p. 245 - L'entente de l'équipe formée par Mirabella et Liberman, ainsi que la répartition des responsabilités, sont citées plusieurs fois dont Angeletti, Oliva 2007, La formule a un million de dollars p. 215 et Angeletti, Oliva 2007, Deborah Turbeville p. 241
- Angeletti, Oliva 2007, Nouveaux mannequins, nouvelles voix p. 225
- Angeletti, Oliva 2007, Deborah Turbeville p. 241
- Angeletti, Oliva 2007, Vers le nouveau siècle p. 243
- Angeletti, Oliva 2007, L'ère Anna Wintour p. 251
- Angeletti, Oliva 2007, Captiver la nouvelle femme p. 256
- Angeletti, Oliva 2007, Le monde de Vogue sous l’œil de Newhouse p. 281
- Dictionnaire mondial - Mode et photographie 2001, p. 382
- Dictionnaire mondial - Irving Penn 2001, p. 444
- Dictionnaire mondial - Henry Clarke 2001, p. 130
- Herschdorfer - L'âge de la maturité 2012, p. 122
- Angeletti, Oliva 20007, Deborah Turbeville p. 237
- Violaine Binet, « Patrick Demarchelier », Papier Glacé, Condé Nast, , p. 30 (Ce supplément gratuit distribué aux abonnés avec le Vogue Paris de mars 2014 est également distribué lors de l'exposition Papier Glacé au Palais Galliera.)
Détails des références
[modifier | modifier le code]- Dictionnaire mondial de la Photographie, Paris, Larousse, , 634 p. (ISBN 2-03-750014-9, lire en ligne)
- Nathalie Herschdorfer (préf. Todd Brandow), Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast [« Coming into fashion »], Paris, Thames & Hudson, , 296 p. (ISBN 978-2-87811-393-8, présentation en ligne)
- Norberto Angeletti, Alberto Oliva et al. (trad. Dominique Letellier, Alice Pétillot), En Vogue : L'histoire illustrée du plus célèbre magazine de mode, White Star, , 410 p. (ISBN 978-8861120594, présentation en ligne), « Le style Liberman », p. 131 à 135
- (en) Lucy Sisman, « Alexander Liberman », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Alexander Liberman, The Art and Technique of Color Photography, New York, 1951
- (en) Georgia Radford, Warren Radford: Sculpture in the Sun. Hawaii's Art for Open Spaces, University of Hawaii Press, Honolulu, 1978 (ISBN 0-8248-0526-7)
- (en) Charles Churchward, THEN : The Photographs of Alexander Liberman, Random House, New York, 1995 (ISBN 0-679-44524-2)
Biographie
[modifier | modifier le code]- (en) Dodie Kazanjian et Calvin Tomkins, Alex
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative à la musique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
