Augustin
Le Mal existe-t-il ? Et si oui, d’où vient-il et comment lutter contre lui ? Telles sont les interrogations centrales de l’œuvre immense d’Augustin, l’une des figures majeures de la pensée chrétienne.
Né à Thagaste (aujourd’hui Souk-Ahras en Algérie), Augustin est d’abord un maître de rhétorique, qui achève sa formation à Milan, alors capitale de l’Empire romain. Capable de démontrer qu’on peut mentir en disant la vérité, il enseigne à Carthage où il se laisse séduire par les spectacles, entre en concubinage et a un fils à 17 ans, Adéodat (ce qui signifie : donné par Dieu). Il adhère momentanément au manichéisme, secte qui enseigne que deux principes sont à l’origine de toute chose : le Bien et le Mal. Mais à la suite d’une expérience mystique et sous l’influence de sa mère, Monique, Augustin se fait baptiser en Italie par Saint Ambroise, son ancien maître de rhétorique, et devient prêtre puis évêque d’Hippone, près de Carthage.
Il raconte dans ses Confessions son cheminement personnel qui l’a mené à rejeter le manichéisme : Dieu, étant parfaitement bon, ne peut créer le Mal. C’est nous qui péchons en abusant de notre liberté. Pour se prémunir contre le péché, il faut donc se mettre à l’écoute de notre « Maître intérieur » qui, pour Augustin, n’est autre que le Christ. Mais, théoricien du péché originel, il soutient que sans la grâce de Dieu, l’homme ne peut espérer atteindre le salut. Champion de l’introspection, Augustin médite sur « les palais de la mémoire ». Il révolutionne la conception philosophique du temps en le définissant par le vécu et non par la rotation des astres comme le faisait Aristote. Il invite son lecteur à imiter son cheminement et à se rapprocher de Dieu en résistant à toutes les tentations. Très intransigeant en morale, il écrit contre toutes les hérésies, en particulier celle des pélagiens, qui nient la nécessité de la grâce. Lorsqu’il apprend la chute de Rome en 410, Augustin cherche à innocenter les Chrétiens accusés d’être responsables de l’effondrement de l’Empire à cause de leur pacifisme. Il écrit pour cela une somme monumentale : La Cité de Dieu, livre qui sera le plus recopié au Moyen Âge et que l’on considère comme l’un des fondements de la philosophie de l’histoire. Il y montre que Rome n’a jamais été une cité juste mais que son histoire s’intègre dans le plan de Dieu qui, de la création d’Adam et Ève au Jugement dernier, « ordonne sans contraindre ». C’est animé de cette espérance qu’Augustin meurt à Carthage en 430 alors que la ville est assiégée par les Vandales.
L’influence d’Augustin sur la philosophie occidentale est considérable, en particulier sur les penseurs du XVIIe siècle : Descartes estime lui devoir sa découverte du cogito, Pascal l’inspiration d’un bon nombre de ses pensées, Malebranche sa doctrine de la vision en Dieu.
Les citations de l'auteur
Si personne ne me demande ce qu’est le temps, je sais ce qu’il est ; si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus
Quant au présent, s’il était toujours présent, s’il n’allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l’éternité
Que dire, enfin, sinon que cela est, parce que vous [Dieu] êtes ? Et vous avez parlé, et cela fut, et votre seule parole a tout fait
Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus
Le présent du passé, c’est la mémoire ; le présent du présent, c’est l’intuition directe ; le présent de l’avenir, c’est l’attente
Une fois pour toutes, on t’impose un précepte facile : Aime, et fais ce que tu voudras
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